Il n’est pas d’artiste sur qui j’ai autant chanté ou chantonné, dansé ou gigoté, pensé ou rêvassé, vécu ou survécu, et aussi peu écrit. Il n’est pas de jour qui se soit écoulé depuis la mort de l’artiste il y a six ans sans que ce paradoxe me traverse l’esprit, et sans que je me dise que cela commence à bien faire et que je devrais « m’y mettre ». Pour une raison pas vraiment élucidée, l’œuvre et l’homme m’intimident. La peur de ne pas tout dire sans doute, ou de manquer l’essentiel, ou de manquer à l’exactitude requise, ce genre de choses. La date fatidique du centenaire arrivant, attaché comme je suis aux anniversaires, me voici au pied du mur, contraint d’inventer un expédient pour sortir ce texte qui ne sort pas.
Habitué aux trucs, subterfuges et stratagèmes, rompu à l’art de contourner l’obstacle, j’ai d’abord pensé à la forme aphoristique puis à l’abécédaire, de A comme Amour et Arménie à Z comme Zazou, Zoom ou Zone vulnérable, en passant bien sûr par C comme Corps, G comme Garvarentz, J comme Jeunesse, M comme Mémoire, R comme Rage, T comme Temps et V comme Vie et Vitalisme, mais il y avait encore trop de difficulté dans cette facilité, et il a fallu céder à la facilité ultime : la playlist, la compile, le Top 100 – parce que d’un Top 10 pour un tel corpus, il n’était bien entendu pas question. Comme des foules d’élèves au bac de philo, j’ai choisi le commentaire de texte car la disserte me faisait trop peur.
Parce qu’évidemment, ce n’est pas une liste pure et simple que je vais livrer. Un tel laconisme, plus encore qu’une parole bancale ou approximative, serait faire injure à ce que je veux honorer. C’est donc une discographie commentée qui fera office d’hommage et de machine d’écriture, ce qui en définitive est un peu plus et un peu mieux que la moins mauvaise forme. La forme playlist présente en effet l’avantage de mettre l’accent…
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Auteur: Pierre Tevanian