« La Vie d’une vache » : l’élevage comme archétype des pires excès du capitalisme moderne

La vache andalouse est importée en Amérique par Christophe Colomb lors de son deuxième voyage sur le continent, à la fin du XVe siècle. L’animal arrive 60 ans plus tard en Amérique du Sud, où il trouve un terrain favorable avec la pampa, dans laquelle il s’adapte parfaitement. Juan Pablo Meneses fait revivre en accéléré le développement de la propriété privée agraire, puis la transformation de l’élevage en industrie avec quelques chiffres qui donnent le tournis. À partir de 1878, un milliard de kilos de barbelés sont importés d’Europe en moins de trente ans ! Les éleveurs argentins enferment leurs vaches et protègent leurs profits. Ils deviennent de plus en plus gros, la concentration des richesses ne cessant, comme partout, de s’y développer. Certains gros éleveurs argentins deviennent même des célébrités.

Aujourd’hui, 320 millions de tonnes de viande bovine sont vendues chaque année dans le monde. Malgré un paradoxe que Meneses ne cesse de mettre en avant : les carnivores aiment les vaches ! Une bête paisible, instantanément sympathique, l’un des rares animaux sociaux capable d’avoir des amis. Meneses s’aperçoit d’ailleurs qu’après ses premiers articles, beaucoup de lecteurs lui demandent d’épargner La Negra, parfois de façon virulente, pour l’un d’entre eux au restaurant tout en mangeant un steak ! Ce que raconte « La Vie d’une vache » finalement, c’est l’industrialisation de la mise à mort d’un animal que tout le monde aime voir brouter paisiblement, mais qu’il est très difficile de renoncer à manger.

Le monde s’oriente lentement mais sûrement vers un avenir vegan. La consommation de viande deviendra peut-être, dans quelques décennies, le fait d’une minorité sûre de sa domination. L’humanité deviendra-t-elle pour autant meilleure ? Une fable de l’écrivain Augusto Monterroso citée dans l’ouvrage pourrait aider à répondre à cette question. C’est l’histoire d’une famille de plantes carnivores qui s’intéressent à ce que l’on raconte sur elles, et renoncent pour cette raison à manger de la viande. « Depuis ce jour elles se mangent uniquement les unes les autres et vivent tranquillement, en ayant oublié leur infâme passé ».

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Auteur: Blast info