Introduisons, d’abord rapidement, l’ouvrage, avec son titre à double sens.
Le message (implicite) que diffuse « la culture digitale » est un appel au meurtre : il faut écraser les opposants à « l’économie numérique » ou à la nouvelle révolution industrielle, ou il faut discipliner « les jeunes », les dresser et les transformer en militants enthousiastes de la nouvelle culture révolutionnaire. Brandissant leur smartphone en guise de drapeau rouge.
La numéricisation est considérée, à tort, comme « une simple technique » (et un progrès technique) ; mais il n’y a jamais de « technique simplette » ou « neutre ». L’informatisation massive (les machines à calculer, les computers, et les calculs extensifs « sur tout ») est et n’est que l’extension et le renforcement de la colonisation économique la plus ancienne ; l’informatisation est donc le prolongement de la réduction économique au nombre, au compte et à la monnaie ; la culture digitale est ainsi une culture de la violence, du fait de son développement même, de « son origine » (« archéologique ») économique (avec les machines à statistiques et les computers qui sont des machines comptables – décrypter le sigle IBM).
L’archéologie du numérique que propose l’ouvrage de Jonathan Beller, l’ouvrage que nous recensons, a pour objet d’expliciter « l’origine » violente, meurtrière, sanglante de la culture digitale. « Origine » qui se conserve comme « nature ».
Dès que l’on est capable de comprendre que l’informatisation, ou la digitalisation, n’est que la continuation de la colonisation économique, avec les mêmes moyens, ceux du calcul, moyens « algorithmiques » (ou de programmation) que l’on trouve déjà derrière la mesure valeur, la valorisation, l’évaluation, les calculs financiers, les statistiques, la monnaie, etc., alors il est facile d’appliquer à l’informatique la critique développée pour montrer que l’économique est une formation disciplinaire.
La critique de l’informatique est un prolongement de la critique de l’économie ; dès que cette critique de l’économie arrive à montrer que le capitalisme (considéré ordinairement comme « système économique ») n’est qu’un sous ensemble des « formations de souveraineté » (ou de domination) ; c’est-à-dire dès que l’on arrive à penser politiquement le capitalisme.
L’informatique et la culture digitale n’ont rien à voir avec « la liberté » (qui n’est pas un problème…
La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin