La vogue de la pêche à l’aimant : des déchets plutôt que des poissons

« Crochet ! » L’injonction claque dans l’air. « L’aimant est coincé, je crois que c’est une moto. Utilise ton crochet pour l’aider à remonter. » Des mains s’activent, des cordes se tendent dans l’eau de la Saône. La manœuvre est complexe, il faut une dizaine de minutes et de bras pour extirper de la rivière un butin attaqué de rouille. « Belle prise, non ? » demande Agnès, avec un soupir d’aise après l’effort. À ses pieds, les vestiges d’une vieille bécane au moteur envahi par une colonie de moules.

Quai Fulchiron, à Lyon, un groupe singulier de pêcheurs a déballé aimants, crochets et gants de protection. Chaussures de sécurité aux pieds, les membres de la très fraîche association Nettoyons Lyon, mènent une session de dépollution des eaux de la capitale rhodanienne. La pêche à l’aimant a longtemps été un loisir individuel du paysage local, sans structure pour l’appuyer. Sa pratique fédère désormais une communauté d’une soixantaine de participants. Deux à trois fois par semaine, ils se réunissent pour draguer les fonds du Rhône et de la Saône, qui font confluence à Lyon.

Les aimants utilisés pour la pêche aux déchets peuvent tirer selon les modèles des poids de 800 à 1.600 kg.

« Ça mord ? » s’enquiert, taquin, un adolescent. À l’heure de la sortie des lycées, une dizaine d’étudiants observent les pêcheurs. « On peut essayer ? C’est un aimant ou un crochet ? » interroge l’un d’eux. « On associe les deux : d’abord l’aimant pour détecter et tirer les déchets, puis le grappin pour aider à les remonter. Prend une paire de gants, je vais te montrer, répond un pêcheur. Ça, c’est un aimant capable de soulever 1.400 kilos, fais attention. »

Auteur : Moran Kerinec
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