L'accès à l'eau, un enjeu crucial pour le nucléaire

C’est un fait un peu oublié : l’eau est indissociable de l’industrie nucléaire. Tout réacteur thermique a besoin d’un apport continuel en eau froide pour reconduire à l’état liquide la vapeur qui sort d’une turbine et poursuivre le processus de production d’énergie. C’est pour cette raison que les centrales nucléaires sont très majoritairement situées en bord de mer ou de fleuve au débit important. Toutes les centrales relâchent, dans le processus de refroidissement, une part importante de l’énergie produite sous forme de chaleur, soit dans l’eau vers l’aval des fleuves ou en mer, soit dans l’air (voir l’appui).

L’enjeu ici n’est pas la sûreté des installations, mais la possibilité même de produire de l’électricité. En amont du circuit de refroidissement, un débit trop faible ou une température trop élevée ne permettent pas de refroidir suffisamment le circuit secondaire. En aval, quand l’eau de refroidissement est rejetée, la réglementation environnementale impose aussi un débit et une température donnés pour maintenir des conditions vivables pour la faune et la flore aquatiques, mais aussi, plus prosaïquement, pour maintenir le « bon état écologique » en diluant suffisamment les rejets de toute sorte.

Millions de mètres cubes d’eau prélevée et consommée en France selon les secteurs. Rapport de 2018 du CCR

Pour assurer ses apports en eau froide, l’industrie nucléaire française s’est, depuis sa naissance, liée à la construction de barrages. Cela tombait bien, EDF faisait les deux. « La France a suivi la même stratégie que l’ex-URSS, celle de combiner les modes de production d’énergie électrique », dit Siegfried Evens, doctorant suédois travaillant au sein de l’équipe de recherche Nuclear Waters. Dans son pays, « se sont développées des “atomic fisheries”, des zones de pêche dans les eaux plus chaudes, en aval des centrales ».

Le partage des eaux du Rhône

Si aujourd’hui le mouvement antinucléaire s’alarme fréquemment au sujet de la sûreté des installations, la question de l’échauffement des cours d’eau en aval des centrales françaises et celle de la construction de barrages pour assurer à la filière un débit suffisant ont été au cœur des luttes d’opposition à l’atome dans les années 1970.

De 1976 à 1980, en parallèle de la lutte contre l’extension du camp militaire du Larzac, des paysans de la région de Langogne (Lozère) se sont mobilisés contre une retenue de 190 millions de mètres cubes à Naussac….

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Auteur: Grégoire Souchay (Reporterre) Reporterre