L'action publique au-delà de McKinsey : mécanique du dévoiement

J. Svoboda, d’après L.W. Sambon : « Parasites : a parasitical worm, shown much enlarged, with its hosts » (parasites : un ver parasite, montré très agrandi avec ses hôtes), avant 1931.

Pour mesurer l’ampleur et l’impact de ces mutations structurelles, iceberg dont l’affaire McKinsey n’est que la partie émergée, il faut observer la nouvelle « valse à trois temps » qui accompagne désormais l’élaboration des politiques publiques.

Lire aussi Frédéric Lordon, « Leur société et la nôtre », Le Monde diplomatique, 1er avril 2022.

L’actualité nous offre quelques exemples éclairants, dans le seul domaine de l’environnement, avec l’accélération insensée de la méthanisation agricole, déclenchée en février 2018 par M. Sébastien Lecornu, alors secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire M. Nicolas Hulot, pour complaire à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), puis l’apparition surprise, à trois semaines de la présidentielle, d’un projet de « nouvelle loi sur l’eau » portée conjointement sur les fonts baptismaux par Veolia, Suez, et la FNSEA. La pantomine des « Assises de l’eau » l’avait précédé, tout comme le « work in progress » de l’élaboration de la future « Stratégie nationale de la biodiversité 2030 », invraisemblable pandemonium mobilisant la jet-set mondiale de la « préservation de la nature », ou encore la création quasi-clandestine d’une nouvelle taxe destinée à financer la préservation de la biodiversité.

Les dysfonctionnements affectant l’action publique alimentent depuis des lustres d’interminables gloses et commentaires. Où sont fustigées d’insondables « pesanteurs administratives ».

Le ministère de l’impossible

Dans un petit ouvrage, tout juste paru, un ancien conseiller des ministres de l’écologie François de Rugy et Barbara Pompili en livre des exemples documentés, de l’intérieur :

« On ne soupçonne pas à quel point l’administration pèse sur l’élaboration des décisions publiques. Une loi, par exemple, sera préparée par une administration pilote, discutée dans les services du ministère, puis confrontée aux autres administrations du gouvernement dans les fameuses réunions interministérielles (on dit RIM) arbitrées par Matignon. Ces RIM vont ensuite se multiplier à chaque étape du processus : avant l’envoi au Conseil d’État, le passage en…

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Auteur: Marc Laimé