L'adieu aux amphis

Henry Jamyn Brooks. — « Sir James Dewar faisant cours sur l’hydrogène à la Royal Institution », 1904.

Lire aussi Dominique Pinsolle, « Le chiffon rouge de la liberté universitaire », Le Monde diplomatique, décembre 2020.

Dans les années 1960, l’explosion des effectifs étudiants dans tous les pays d’Europe s’est accompagnée de nouvelles constructions d’universités. Les amphithéâtres n’y avaient plus que le nom des anciens amphithéâtres des universités médiévales. Les touristes qui ont remplacé les étudiants des vieilles universités de Bologne, Salamanque ou Oxford, éprouvent un premier étonnement en entrant dans une simple salle de classe conçue pour quelques dizaines de personnes. Une salle à dimension humaine où la voix, même fluette, atteignait tout le public. Au XIXe siècle, la naissance des universités modernes dévolues à la formation des élites d’État avait entraîné la construction de bâtiments néoclassiques marqués du sceau de la majesté officielle. Comme les palais de justice, au centre des grandes villes, leur architecture intérieure de colonnes et de vastes salles représentait l’autorité.

Cœurs de l’enseignement, des amphithéâtres de deux ou trois cents places sont alors érigés au centre de ces bâtiments. La taille de ces temples laïcisés magnifiait le savoir. Jamais les cours qui s’y donnaient, privilège des professeurs de plein droit, n’avaient aussi bien porté le nom de « magistral ». Aux jeunes étudiants qui venaient des lycées, la première visite de ces amphithéâtres signifiait l’entrée dans un autre monde. S’alignant sur les bancs et devant les pupitres de ces grandes enceintes, ils attendaient devant l’entrée que l’appariteur à chaîne et frac en queue de pie précède le professeur avant de lui glisser le fauteuil sous les fesses. Revêtu de la robe à trois rangs d’hermine, celui-ci livrait alors sa parole….

Auteur: Alain Garrigou
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