Nous gardons tous le souvenir de professeurs que nous avons profondément admirés. Personnellement, les seuls enseignants qui m’ont marquée sont ceux qui ont compté pour leur générosité, l’étendue de leurs savoirs, la simplicité avec laquelle ils parvenaient à transmettre quelque chose de vivant. L’intérêt profond qu’ils avaient pour les objets qu’ils enseignaient les rendait brillants. Ils parvenaient à nous faire partager leur passion, sans pour autant en rabattre sur la rigueur, le sérieux, la complétude de leur enseignement.
Ainsi, ces enseignants conjuguaient plusieurs facultés que notre école classique nous a généralement enjoint à séparer, à savoir la raison d’un côté et les passions de l’autre.
Ne faudrait-il pas interroger cette ligne de partage ? Différente de l’adoration comme de la fascination, l’admiration nous propulse hors de nous-mêmes sans nous affaiblir, comme en témoignent les philosophes, scientifiques, artistes ou inconnus croisés au fil de mon enquête Admirer. Éloge d’un sentiment qui nous fait grandir (éd. Premier Parallèle).
Alors, pourrait-on envisager que l’école nous dispense des leçons d’admiration ? Peut-on, doit-on apprendre à admirer ? Autant de questions qui nous invitent à dissiper les malentendus autour de l’autorité ou à questionner la place de l’imitation en éducation.
Un monde scolaire qui oppose émotions et rationalité
Quoi de plus naturel, se demandent les apôtres de l’école républicaine, que de vouer l’école à la formation de l’intelligence rationnelle et d’éloigner du mieux possible les élèves de leur sensibilité, de leurs traditions, de leurs croyances ou encore de leurs émotions ?
C’est par exemple qu’on a enseigné le dessin, cousin de la géométrie, non pour encourager la « créativité » des élèves, mais au contraire pour les entraîner à discipliner leur main et leur œil de sorte que ceux-ci captent…
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Auteur: Joëlle Zask, Maîtresse de conférences en philosophie sociale, membre de l’IUF, Aix-Marseille Université (AMU)