“L’affaire Colonna, la goutte qui fait déborder un vase que beaucoup de jeunes corses veulent renverser” | Entretien

Yvan Colonna, prisonnier politique corse condamné à perpétuité, non sans points troubles, pour l’assassinat du préfet Erignac dans le cadre du mouvement nationaliste en 1998, est dans le coma après son agression par un codétenu à la prison d’Arles. Depuis un mouvement populaire de grande ampleur secoue la Corse. La population dans sa grande majorité tient l’Etat pour responsable. Les annonces du gouvernement sur la levée du statut de Détenu Particulièrement Surveillé ( qui empêche le rapatriement des prisonniers en Corse ) de l’ensemble du présumé commando qui serait responsable de la mort d’Erignac ont été jugées largement insuffisantes par une jeunesse fer de lance de la lutte. Tous les jours depuis plus d’une semaine s’enchaînent blocages de lycées, d’universités, manifestations, émeutes. L’affaire Colonna est la goutte qui fait déborder un vase que la jeunesse corse veut renverser, alors que les conditions de vie sur l’île sont dures pour beaucoup. L’Etat français promeut un modèle économique qui n’est pas au service du peuple corse, piétine les aspirations démocratiques, néglige la volonté de faire vivre une culture. Le Poing s’est entretenu avec Desideriu, un des porte-parole d’A Manca, « la gauche » en français, qui fait vivre en Corse un projet de socialisme autogestionnaire tout en apportant sa pierre au mouvement national.

Le Poing : Présentez-nous un peu le paysage politique du mouvement national.

Il y a deux césures dans le mouvement national actuel. La première sur le degré d’autonomie pour la Corse. Un premier courant, majoritaire aux élections locales corses, est autonomiste. Actuellement nous avons une assemblée parlementaire de Corse, et un pouvoir exécutif, mais avec des compétences limitées, et qui ne sont pas respectées par l’Etat français. Ils demandent une autonomie de pleins droits, avec plus de compétences transférées et un respect des décisions de l’assemblée et de l’exécutif, tout en restant dans la République française. L’autre courant, qui totalise environ 15% des voix, est indépendantiste. On y demande l’autonomie de pleins droits dans un premier temps, pour ensuite sortir peu à peu du giron de la République française.

Ensuite il y une césure au niveau des projets de société, qui recoupe à peu près la première pour ce qui est des organisations qui se présentent aux élections. La plupart des autonomistes promeuvent quelque chose qui se situe entre le social-libéralisme et la social-démocratie. Les…

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Auteur: Le Poing