L’agent orange tue encore : entretien avec le Collectif Vietnam Dioxine



Tran To Nga, militante franco-vietnamienne victime de l’Agent Orange ©Mai Nguyen

Keo est militante au Collectif Vietnam Dioxine. Ce collectif entend lutter pour que justice soit rendue à toutes les victimes de l’Agent Orange et soutient particulièrement le procès de Tran To Nga, victime et journaliste franco-vietnamienne de 81 ans, contre les fabricants de cette arme chimique. A l’occasion de la diffusion-débat à venir du documentaire “Agent Orange : Bombe à Retardement”, nous lui avons posé quelques questions.

  • Le combat pour rendre justice aux victimes de l’agent orange est peu connu en France, peux-tu nous en dire plus ?

En France, la guerre du Vietnam est davantage connue à travers les atroces images de bombardement et d’attaques au napalm. Pourtant l’attaque à l’Agent Orange constitue le premier cas mondial qualifié d’écocide. La notion d’écocide a été inventée par Arthur Galston en 1970, et définie comme : « La destruction intentionnelle et permanente de l’environnement dans lequel un peuple peut vivre de la façon qu’il a choisie”.

L’Agent Orange est un herbicide contenant de la dioxine. Il a été déversé par l’aviation américaine sur les forêts et la végétation du sud du Vietnam pour débusquer les résistant-e-s du Front National de Libération pendant la guerre. Les épandages ont duré environ 10 ans, de 1961 à 1971. Une étude de l’Université de Columbia datant de 2002 a conclu qu’il suffisait de 80 g de dioxine pure appliquée dans l’eau d’une ville pour tuer jusqu’à 8 millions d’habitants (à peu près la population de New York). Au Vietnam, ce sont 366 kg de dioxine pure qui ont été épandus parmi les 80 millions de litres d’agents chimiques. Les conséquences humaines et environnementales sont désastreuses : empoisonnement des terres mais surtout maladies, cancers et handicaps se transmettent sur plusieurs générations au Vietnam, mais aussi au Laos et au Cambodge. 20% des forêts du sud du Vietnam ont disparu et environ 400 000 ha de terres agricoles ont été détruites ou toujours empoisonnées.

  • Pourquoi ce combat reste encore aujourd’hui d’actualité et que peut-on faire alors que toutes les responsabilités semble-être du côté des États-Unis et de multinationales étasuniennes ?

A la quatrième génération post-guerre, on estime à plus de 3 millions de personnes souffrant encore de cet herbicide toxique au Vietnam. Les 14 industriels encore florissants ayant produit ou livré de l’Agent…

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Auteur: Le Poing