L'agresseur d'un cycliste envoyé en prison, une première

Justice

Saintes (Charente-Maritime), reportage

« Toutes les semaines, nous avons le même cas. Une voiture renverse un cycliste. Soit l’automobiliste part, soit il le tabasse. En général c’est parole contre parole et il y a un non-lieu. Là, c’est différent. Nous avons les images. C’est choquant ! » déclare Teodoro Bartuccio, fondateur de l’association nationale Mon vélo est une vie, en marge du procès de ce jeudi 23 juin au tribunal correctionnel de Saintes.

Ce jour-là, la salle d’audience est bondée. La presse locale et nationale s’est déplacée, ainsi que plusieurs dizaines de cyclistes arborant un maillot jaune en signe de soutien.

Des faits prouvés par la vidéo

Six mois plus tôt, le 11 janvier, un homme de 50 ans, C. Denis, accompagné de son fils de 17 ans, conduit un 26 tonnes non chargé sur un chemin agricole goudronné. Il croise un cycliste, A. Gros, muni d’un casque, de lunettes et d’une caméra GoPro pour filmer les paysages. Le cycliste fait signe au conducteur lancé à toute vitesse de ralentir comme le chemin est étroit. « Je vais te mettre une branlée ! » lui répond le camionneur. Il renverse alors le cycliste, s’arrête, fait demi-tour, puis descend de son camion avec son fils pour ensuite le passer à tabac.

Ce déferlement de violence sur un cycliste, sans motif apparent, semble à peine croyable. Une chance pour le cycliste, il a allumé sa caméra lorsque le camion l’a poursuivi. Ne le sachant pas, le conducteur et son fils portent plainte à la gendarmerie contre lui, arguant que le cycliste a insulté l’homme puis « foncé sur son fils comme un taureau », avec son vélo.

Pendant tout le procès, malgré les faits établis dans la vidéo, le prévenu, impassible, ancien membre des forces armées, ne les reconnaîtra jamais complètement, ni ne formulera à la victime d’excuses pour ses multiples fractures et trente jours d’incapacité temporaire de travail. À l’exception de sa dernière phrase avant le délibéré, murmurée à voix basse au terme de plusieurs heures d’un procès tendu : « Je regrette ce qui s’est passé. »

Hausse de 30 % des décès à vélo

Au-delà de la violence routière, ce procès est inédit à plus d’un titre. « C’est la première fois qu’une personne a de la prison ferme pour avoir renversé un cycliste alors qu’il n’y a pas eu de décès », précise Teodoro Bartuccio, dont l’association défend les cyclistes victimes. Et ce, alors que 60 % des accidents de cyclistes sont volontaires, déclare…

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Auteur: Marie Pragout Reporterre