L'Albanie teste l'agromine, la dépollution des sols par les plantes

Pogradec (Albanie), reportage

Les paysans de la région ont beau s’échiner depuis des générations, les champs ensoleillés qui bordent les eaux profondes du lac d’Oxhid donnent peu. Sur cette terre rouge et sèche, située à quelques kilomètres de la frontière macédonienne, il faut assurer la nourriture du bétail. « La terre est peu productive. C’est à cause du nickel qu’il y a dans le sol…, résume Dalip Gaxho, un paysan de 60 ans, casquette sur la tête. Il n’y a que la culture fourragère qui fonctionne. C’est une terre peu fertile qui n’est pas adaptée à d’autres cultures. » Ici ou là, sur les collines à la végétation rase, on aperçoit les vestiges des mines de la période communiste.

Pauvres en nutriments, les terres de l’Albanie orientale sont naturellement riches en métaux lourds. Zinc, cobalt, et surtout nickel sont présents en fortes quantités sur ces sols dits ultramafiques. Cette concentration élevée en métaux n’est pas sans danger pour la santé humaine, mais est fort appréciée par une plante qui fleurit en ce mois de mai : l’Alysson des murs. Allysum murale, de son nom latin, la famille Alillari la connaît bien : cette plante vert clair aux multiples fleurs jaunes s’épanouit autour de son village, Pojska. « Cette plante nuit aux cultures qui me font vivre ! Si je veux cultiver et vendre du maïs ou des haricots, je dois l’arracher de mes champs ! », s’agite Dalip Alillari, un fermier de 58 ans. « Pour nous, c’était une plante inutile, reconnaît plus posément Vahit, le fils. Elle nous paraissait même dangereuse, car quand tu veux cultiver quelque chose, tu es obligé de l’enlever quand elle apparaît dans tes champs… »

Si Vahit parle au passé, c’est que la famille regarde aujourd’hui d’un tout autre œil cette voisine appréciée des abeilles mais naguère indésirable. Ces cinq dernières années, les Alillari ont même recouvert certaines de leurs parcelles avec cette plante touffue qui peut atteindre un mètre de hauteur. À l’origine de ce changement inédit de culture : Aida Bani. Voilà plus de quinze ans que les recherches en phytoextraction de cette scientifique albanaise se concentrent sur l’Alysson des murs. « Alyssum murale est une plante hyperaccumulatrice. Ses racines puisent le nickel contenu dans le sol et elle peut stocker jusqu’à 2 % de ce métal dans ses tissus, s’enthousiasme cette agronome de l’Université de Tirana. Elle peut extraire les métaux de deux types de sols : des sols naturellement riches en métaux…

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Auteur: Reporterre