L'Allemagne va stocker du CO2 sous la mer

« Mieux vaut mettre le CO2 dans le sol que dans l’atmosphère » : par cette petite phrase, prononcée le 5 janvier, le vice-chancelier allemand Robert Habeck a ouvert la voie outre-Rhin à une technologie controversée de lutte contre le réchauffement climatique, le captage et stockage de carbone. Le procédé, baptisé CCS (de l’anglais Carbon Capture and Storage), est destiné à décarboner les usines. Il consiste à piéger les molécules de dioxyde de carbone émises lors de la combustion d’énergies fossiles (gaz naturel, pétrole et charbon) et à les transporter jusqu’à une cavité géologique pour les y stocker de façon durable.

En 2012, l’écologiste Robert Habeck jugeait pourtant lui-même la technologie dangereuse et pointait notamment du doigt le risque de fuites durant le stockage. À l’époque, la mobilisation de la société civile contre les projets CCS avait conduit le gouvernement conservateur et libéral-démocrate d’Angela Merkel à les interdire — à l’exception de la recherche scientifique.

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Désormais à la tête du ministère fédéral de l’Économie et du Climat, Robert Habeck entend revenir sur cette décision. Selon lui, l’Allemagne n’a plus d’autre choix pour atteindre la neutralité climatique, c’est-à-dire passer de 761 millions de tonnes de CO2 en 2022 à zéro en 2045.

« Nous avons perdu tellement de temps que nous devons prendre cette décision clairement. Nous prenons ce qui est disponible », a-t-il argumenté lors d’un déplacement sur le thème en Norvège, pays pionnier en la matière. En complément de la réduction des émissions, l’Allemagne devrait stocker « jusqu’à 73 millions de tonnes de CO2 par an » pour respecter ses engagements climatiques, affirme son ministère dans un rapport publié juste avant Noël. « La technologie est mature et éprouvée », assure le rapport.

Un « prétexte » pour continuer à vendre du gaz naturel

Le gouvernement choisit d’aller à l’encontre de l’avis de l’Office fédéral de l’Environnement, équivalent de l’Ademe en France. Dans une étude publiée en 2020, l’agence publique considère que « les puits naturels de carbone tels que les forêts et la gestion durable du bois » permettent de compenser les émissions « inévitables » de l’industrie et de l’agriculture, « de sorte que le CCS n’est pas nécessaire pour atteindre la neutralité carbone en Allemagne, en l’état actuel des connaissances ». Les experts recommandent toutefois de poursuivre la recherche scientifique « afin de pouvoir l’utiliser si son utilisation s’avérait impérative ».

Pour les militants qui s’opposent…

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Auteur: Violette Bonnebas Reporterre