L'Amazonie émettrait plus de gaz à effet de serre qu'elle n'en absorbe

27 mars 2021 à 10h34,
Mis à jour le 27 mars 2021 à 11h03

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Climat
Monde

C’est l’une des plus grandes forêts du monde : l’Amazonie couvre une surface de 550 millions d’hectares, soit 8,5 fois la France, et elle abrite soixante fois plus d’arbres que d’êtres humains. Ces milliards d’arbres puisent dans l’atmosphère d’énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2), dont ils se servent pour créer leur matière organique au moyen de la photosynthèse.

Mais ce processus ancestral semble se dérégler sévèrement, assure un article paru dans le journal Frontiers in forest and global change. L’originalité de l’étude dirigée par Kristofer Covey est de s’intéresser aux rétroactions climatiques du bassin amazonien avec d’autres agents de l’effet de serre — méthane (CH4), protoxyde d’azote (N2O), carbone noir, composés organiques volatils biogéniques, aérosols, évapotranspiration et l’albédo. Ces rétroactions sont, selon l’étude, fortement altérées par les incendies, les changements d’affectation des terres, le développement des infrastructures et les tempêtes.

Car le CO2 n’est en effet pas le seul acteur du réchauffement climatique. Et les scientifiques font l’hypothèse que le réchauffement actuel dû aux agents non-CO2 (en particulier le méthane et le protoxyde d’azote) dans le bassin amazonien annule — et même dépasse très probablement — le service climatique fourni par l’absorption de CO2 atmosphérique par la forêt amazonienne.

L’élevage de bétail : une forte source d’émissions de méthane

Comment l’activité humaine contribue-t-elle à la production de ces gaz ? Le cycle du méthane, par exemple, est modifié par la construction de barrages, et leur corollaire, les énormes retenues d’eau dans lesquelles la matière organique en décomposition dégage de grandes quantités de CH4. Et le réchauffement climatique contribue à la mise en place d’un cercle vicieux : selon l’étude, une augmentation de la température de 4 °C entraînerait le doublement des émissions de CH4 dans la région car accélérerait la décomposition des matières.

L’élevage est également une forte source d’émissions de gaz à effet de serre. Joint par Reporterre, Jérôme Chave, directeur du laboratoire évolution et diversité biologique (EDB) à Toulouse, souligne que « la déforestation en Amazonie est souvent suivie de l’installation d’élevages de bovins, émetteurs de méthane, qui ont un effet négatif supplémentaire sur le…

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Auteur: Reporterre