L'Amazonie pourrait se transformer en savane

La luxuriante forêt amazonienne pourrait-elle se transformer en savane ? Ce scénario catastrophe est de plus en plus crédible, selon les spécialistes. 76,2 % de cet immense réservoir de biodiversité a perdu en résilience depuis le début des années 2000, selon une étude publiée lundi 7 mars dans la revue scientifique Nature Climate Change. Selon ses auteurs, l’Amazonie – immense massif de forêt tropicale humide – pourrait être sur le point d’atteindre son point de bascule, à partir duquel elle se transformerait de manière irréversible en un écosystème plus sec.

L’équipe de scientifiques est parvenue à ce résultat en analysant des données collectées par des satellites. Ces derniers ont mesuré pendant plusieurs dizaines d’années la biomasse et la verdoyance de cette immense étendue d’eau et de plantes tropicales. Les chercheurs ont ainsi pu évaluer la résilience de l’Amazonie.

« Par le terme “résilience”, nous entendons la capacité de la forêt pluviale à revenir à un état stable après une perturbation, comme une sécheresse ou un évènement météorologique extrême, a précisé Chris Boulton, l’un des auteurs de cette étude, lors d’une conférence de presse. Si la forêt devait aujourd’hui faire face à la même sécheresse qu’en 2005, elle aurait beaucoup plus de mal à récupérer. » Dire que cette perte de résilience est grave est un euphémisme. Selon l’équipe de scientifiques, c’est un signe supplémentaire du fait que l’Amazonie s’approche de son point de rupture.

« Un cercle vicieux »

« Imaginons que la savane soit une vallée, que la forêt pluviale en soit une autre, et qu’il y ait une petite butte entre elles, explique Timothy Lenton, professeur à l’université d’Exeter, en Angleterre. Il faut se représenter l’état actuel de la forêt comme une petite balle roulant dans le fond de la seconde vallée. Plus la forêt est résiliente, plus ses versants sont raides et profonds. Ce que nous montrent ces résultats, c’est que la vallée devient de moins en moins profonde, et finira par disparaître lorsque le point de bascule sera atteint. » La balle imaginaire pourrait alors rouler sans anicroche jusqu’à l’autre vallée… et se transformer en savane.

« Si l’on perd la forêt pluviale, environ 90 milliards de tonnes de dioxyde de carbone seront émis dans l’atmosphère, principalement par les arbres et le sol, prévient Timothy Lenton. C’est l’équivalent de plusieurs années d’émissions par l’humanité. » « Le système de…

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Auteur: Hortense Chauvin (Reporterre) Reporterre