L'Antarctique livré au tourisme de masse et à la pêche industrielle

Vous lisez la partie 2 de l’enquête « L’Antarctique, terre de convoitises ». La partie 1 est ici, la 3, ici.


• Cette enquête est diffusée en partenariat avec l’émission La Terre au carré, de Mathieu Vidard, sur France Inter.


Croisières au large des icebergs, survols express jusqu’au pôle Sud, expéditions « à la façon » des explorateurs Shackleton ou Bellingshausen, bivouacs sous les aurores australes, éclipses solaires… Les plaquettes touristiques pour le « continent intact » rivalisent de formules. Durant l’été austral 2021-22, 23 023 curieux ont foulé le sol du continent et 574 personnes se sont offert un survol et un bivouac au pôle Sud. C’est environ 75 % de moins que lors de la dernière saison avant le Covid-19, avec ses 74 000 visiteurs annuels.

Si le Covid-19 a fait fondre ce florissant marché — près de 2 milliards d’euros —, les expéditions reprennent. Lors de la dernière saison, les Américains, suivis de près par les Allemands et les Français, sont revenus en force, contrairement aux Chinois, en raison de la pandémie. En 2018, 1 touriste austral sur 6 venait de Chine. Autorisé depuis vingt ans, le tourisme est réglementé par le protocole de Madrid, et une Association internationale des voyagistes antarctiques (IAATO) regroupe l’ensemble des acteurs du secteur. Et celui-ci pourrait vite bondir.

« Le nombre de touristes devrait dépasser 100 000 individus à moyen terme, selon Claire Christian, directrice de la Coalition Antarctique et océan austral (Asoc). Il est important de renforcer l’encadrement de cette activité. » Objectif : plafonner le nombre de touristes autorisés à débarquer, une mesure qui n’est pas à l’ordre du jour d’un secteur qui a vécu deux saisons blanches. Les voyagistes, eux, en ont profité pour s’équiper : d’après Claire Christian, il y aurait actuellement quarante navires d’expédition prêts à entrer en service en 2023.

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Ces passages présentent pourtant un risque pour l’environnement. Les professionnels du secteur assurent pourtant avoir mis en place des mesures drastiques, la manne dépendant en effet d’un continent préservé. La plupart des bateaux ne débarquent pas les touristes et quand ils le font, c’est uniquement sur la péninsule antarctique et avec les plus grandes précautions (pas plus de 100 visiteurs à la fois, bottes désinfectées, équipements réservés) pour éviter l’intrusion d’espèces…

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Auteur: Laure Noualhat Reporterre