L’anti-judéo-maçonnisme, une radicalisation de l’antisémitisme clérical

Les médias dominants et le personnel politique – de Renaissance au FN/RN en passant par LR – prétendent que l’antisémitisme serait passé à gauche. Outre son manque de fondement repéré de longue date par les chercheurs en science politique, cette stratégie de disqualification – promue il y a déjà une vingtaine d’années par Pierre-André Taguieff ou Alain Finkielkraut – a pour effet de dissimuler la persistance, et même le développement, d’un « énorme édifice antisémite », composé de plusieurs dizaines de maisons d’édition, qui prospère à l’ombre des droites radicales.

La littérature antisémite écrite, en 2023, ce sont des centaines d’ouvrages, des livres réédités ou produits et diffusés par des équipes discrètes liées à différents courants de l’intégrisme catholique et des droites radicales contre-révolutionnaires ou nationales-socialistes. Dans une série d’articles que vous propose Contretemps, le spécialiste des extrêmes droites René Monzat, auteur de nombreux ouvrages au cours des quatre dernières décennies, donne un aperçu de cette littérature, à laquelle contribuent sept familles de thématiques antisémites entrecroisées.

Le troisième volet de cette exploration de l’édition antisémite contemporaine est là encore un nouveau voyage dans le temps, vers les années 1880 à 1945, qui virent le pic de la rhétorique anti-judéo-maçonnique. Celle-ci constitue une laïcisation paradoxale de l’antijudaïsme chrétien, initiée par des clercs en vue de contrer la laïcisation de la société, la séparation des Eglises et de l’État. L’aspect intrigant, mystérieux, sensationnel, que prit cette thématique contribua puissamment à sa diffusion.

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Cette thématique s’est forgée au XIXe siècle dans la fusion[1] d’un antisémitisme chrétien qui n’est pas né anti-maçonnique et d’un anti-maçonnisme qui n’a pas toujours été antisémite, comme le démontrent les…

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Auteur: redaction