L'anticolonialisme internationaliste des situationnistes

Si dans les années 60, l’Internationale Situationniste a certainement produit la théorie révolutionnaire la plus exigeante et tranchante, peut-on dire avec David Graeber que les situationnistes “n’avaient presque rien à dire sur le racisme et le sexisme” ? Dans cet article, d’abord publié en anglais dans le Brooklyn Rail (New York), Erick Corrêa revient sur la manière dont la question coloniale et internationaliste se posait déjà à l’époque.

Plus de cinquante ans se sont écoulés depuis la dissolution de l’Internationale Situationniste (IS, 1957-1972). Inséparable du reflux du mouvement révolutionnaire de mai-juin 1968 en France, la fin de cette influente organisation est annoncée dans une “circulaire publique” intitulée La véritable scission dans l’Internationale, signée par Guy Debord et Gianfranco Sanguinetti. Au cours de ce demi-siècle, l’héritage de l’IS a été revendiqué par divers individus, groupes informels, organisations et publications théoriques dans différentes régions du monde. L’anthropologue David Graeber, par exemple, a noté il y a une dizaine d’années que “l’héritage situationniste est probablement l’influence théorique la plus importante sur l’anarchisme contemporain en Amérique”.

Cependant, selon Graeber, pour de nombreux étudiants engagés dans les questions “identitaires” (dont beaucoup étaient ses étudiants à l’université de Yale), les situationnistes “n’avaient presque rien à dire sur le racisme et le sexisme”. Un point de vue partagé par l’anthropologue, qui y voit “un correctif utile à la littérature situationniste ou même marxiste classique, qui n’a presque rien à dire sur les structures d’exclusion”. Notre objectif ici n’est pas de discuter son interprétation, mais de démystifier cette vision selon laquelle les situationnistes auraient ignoré les problèmes liés aux “structures d’exclusion”. Heureusement, on…

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Auteur: dev