L'appel à laver les occupations

Mercredi dernier, les directeurs de L’Odéon, de l’Opéra de Lyon, de la Criée de Marseille et du théâtre national de Nice appelaient à « lever les occupations ».
Cet appel était notamment redoublé par l’interview dans le Figaro de Macha Makeïeff, qui pouvait déployer son chantage au naufrage. Il n’y a pas de hasard au fait que la directrice de la Criée marseillaise soit à l’avant-garde de ce mouvement de réouverture – elle qui avait tenté de cadenasser l’occupation de « son » théâtre.

Ici, Mark Etc, auteur, metteur en scène et ancien secrétaire national de la Fédération des arts de la rue, répond à la grogne des directeurs.

La charge, pleine de bon sens perfide et de haine de classe bien pesée, préfigure celle des CRS. Prenons les paris.
Il fallait oser, quand on se prétend femmes et hommes de culture, céder à pareil amalgame. Lisons plutôt : « Aujourd’hui nous craignons que la banderole ’culture sacrifiée’ prenne un autre sens et que les lieux culturels soient frappés d’une double peine. La culture risque désormais d’être sacrifiée par ceux mêmes qui défendaient à nos côtés son caractère essentiel. »
Tout y est : « Double peine ». « Culture sacrifiée ». rien moins que ça. Oui. Il fallait oser. On imagine déjà les reportages ad nauseam de BFM TV sur les grévistes ‘preneurs d’otage’ qui sabotent la reprise pourtant tant réclamée et privent les hordes de public retraités fraichement vaccinés d’acclamer les artistes prestement autotestés, sans oublier l’interview palpitant des ‘jaunes’ sommés de condamner le black bloc des précaires…

En principe, rien d’étonnant à ce que ces personnages cherchent à siffler la fin de la récréation. Par personnages, il faut bien-sûr entendre personnes qui jouent un rôle social, acteurs. Rien de dépréciatif ici, non. Juste un rappel des règles du jeu : les directrices et directeurs sont bien dans leur rôle à exprimer leurs orientations. Simplement, il n’aura pas fallu 1 journée, au lendemain de la rencontre entre Elisabeth Borne, Roselyne Bachelot, la CGT et les visiteurs de l’Odéon pour aussitôt appeler de manière zélée à la levée des occupations et de « faire preuve de responsabilité ». Il n’aura pas fallu 1 journée quand les paroles qui portent auront tant manqué ces deux derniers mois, si ce n’est du bout des lèvres pour chanter le printemps inexorable, plus petit dénominateur commun revendicatif. Ne rien dire et laisser faire, se résoudre de mauvaise grâce à…

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Auteur: lundimatin