L'application Yuka subit les attaques du lobby de la charcuterie

Deux cent mille euros collectés en moins d’une semaine, et des centaines de messages d’encouragement. « Depuis le début de l’année, les industriels de la charcuterie multiplient les attaques judiciaires », explique l’application Yuka, qui a lancé une cagnotte en ligne le 28 septembre pour payer sa défense.

Créée en janvier 2017, elle compte aujourd’hui 25 millions d’utilisateurs. Et son franc succès commence à embarrasser des industriels, et notamment ceux de la charcuterie. Et pour cause, il suffit de scanner avec son téléphone le code-barre d’une boîte de haricots verts ou d’une barquette d’aiguillettes de poulet pour en découvrir la composition nutritionnelle. Sel, sucre, calories, graisses, protéines ou encore additifs, tout est passé au crible. En découle une note allant de 0 à 100.

Or, du jambon aux lardons en passant par le saucisson ou le bacon, une majorité des produits de charcuterie récoltent un score médiocre. Les coupables : les additifs nitrités, tels que le nitrite de sodium et le nitrate de potassium. Ces substances chimiques, en réagissant avec les composants de la viande, représentent un danger pour la santé des consommateurs.

De nombreuses études scientifiques démontrent qu’elles accentuent le pouvoir cancérogène de la matière carnée et sont ainsi associées à un risque accru de survenue de certaines maladies. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), une agence rattachée à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), estime, par exemple, que « chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18 % environ ». Autant d’informations inquiétantes mentionnées par l’application Yuka, qui attribue la note rouge à ces produits et renvoie le consommateur vers une pétition sur le sujet, lancée avec les associations Foodwatch et la Ligue contre le cancer.

Trois condamnations pour « actes de dénigrement » et « pratiques commerciales déloyales trompeuses »

Confrontés à cette mauvaise publicité, les industriels de la charcuterie ont organisé depuis quelques mois une offensive d’ampleur. « Nous n’acceptons pas d’être traités d’empoisonneurs, déclare à Reporterre Fabien Castanier, délégué général de la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (Fict). Un corpus de publications scientifiques recommande les nitrites, j’insiste sur le verbe “recommander”. Ils permettent d’assurer la sécurité microbiologique des produits….

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre