« L’Archipel du Goulag » : trois tomes qui ont ébranlé le communisme

Il y a exactement cinquante ans, fin décembre 1973, un livre paraissait en russe à Paris : L’Archipel du Goulag, d’Alexandre Soljénitsyne.

Publié en traduction dans de nombreux pays occidentaux dès mai 1974, vendu en France à 600 000 exemplaires en moins de trois mois, ce premier tome a été suivi de deux autres.

Peu de livres au XXe siècle auront eu un tel impact politique.

Alexandre Soljénitsyne, écrivain et ancien détenu du Goulag

Le lieutenant Soljénitsyne, responsable d’une batterie d’artillerie, 1943.
Aleksandr Solzhenitsyn Center

Né le 11 décembre 1918, Alexandre Soljénitsyne est le produit de l’éducation soviétique de son temps. Enseignant, il participe comme officier à la Seconde Guerre mondiale et est décoré pour bravoure en 1943.

Le 9 février 1945, il est arrêté pour avoir critiqué Staline dans une lettre privée. Suivront huit ans de camp – pendant lesquels il trouve la foi –, un cancer et le début d’une relégation au Kazakhstan qui est abrégée par la mort de Staline : réhabilité en 1956, Soljénitsyne peut retourner en République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR).

Le détenu Soljénitsyne fouillé par un garde, 31 décembre 1952.
Archives familiales d’Alexandre Soljénitsyne

Déterminé à témoigner, il écrit sur les camps, mais cache ses œuvres, attendant le moment de les montrer. Le dégel officialisé par Nikita Khrouchtchev lui en fournira l’occasion. Son premier texte publié, Une Journée d’Ivan Dénissovitch, paraît en novembre 1962 dans la revue Novyï Mir, avec l’autorisation personnelle de Khrouchtchev, et porte déjà sur les camps : l’écrivain y raconte une journée dans la vie d’un « zek », un prisonnier ordinaire, et démontre ainsi que, contrairement aux allégations de…

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Auteur: Cécile Vaissié, Professeure des universités en études russes et soviétiques, Université de Rennes 2, chercheuse au CERCLE (Université de Lorraine), Université Rennes 2