L'armée française, 70 ans de production de déchets nucléaires

Lorsque l’on pense au nucléaire militaire, des images de champignon atomique flottant funestement au-dessus d’atolls polynésiens peuvent nous venir en tête. Les déchets générés par la fabrication, le déploiement et le démantèlement des armes nucléaires françaises sont bien moins connus. Ils sont pourtant importants, comme le révèle un rapport publié le 8 décembre par la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican France) et l’Observatoire des armements. Depuis le milieu des années 1950, la France aurait produit plus de 148 630 mètres cubes de déchets nucléaires d’origine militaire, soit l’équivalent de 50 piscines olympiques. Un chiffre amené à croître dans les années à venir, étant donné le soutien continu du gouvernement à la filière.

Avec ce rapport, l’Ican France et l’Observatoire des armements espèrent « rendre visible » les déchets générés par l’arsenal nucléaire français, qui sont jusqu’à présent restés sous le radar médiatique et politique. « On ne prend jamais en compte l’ensemble des problèmes que le nucléaire militaire pose, regrette Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements et co-porte-parole de l’Ican France. On ne se pose pas vraiment la question des déchets, alors que nous ne savons pas les gérer. La problématique est la même que pour le nucléaire civil. »

Des déchets en partie non répertoriés ou abandonnés dans la nature

Ces déchets proviennent pour l’essentiel des bombes atomiques et des installations qui les fabriquent, selon Patrice Bouveret. Ils sont également produits par les sous-marins lanceurs d’engin et autres porte-avions à propulsion nucléaire français. Leurs moteurs, comparables à des « mini-centrales », fonctionnent en effet grâce à du combustible d’uranium. L’armée française est un producteur non négligeable de déchets nucléaires. Selon l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), 9 % du stock global serait d’origine militaire.

« Une partie des déchets nucléaires militaires n’est pas répertoriée par l’Andra », explique cependant Patrice Bouveret. L’agence ne s’occupe en effet que des déchets stockés sur le territoire français, dans les centres de l’Aube ou à La Hague (Manche). Entre 1960 et 1966, la France a pourtant réalisé 17 essais nucléaires en Algérie. « Ces déchets ne sont pas pris en compte ni gérés. Ils ont été laissés à l’abandon, avec tous les problèmes que cela peut poser », poursuit le…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre