C’est le propre des dispositifs disciplinaires : plus leur maillage est serré, plus l’individu ciblé sera disposé à se prendre dans ses fils, justifiant à chaque fois un resserrement plus drastique. D’où leur grande proximité historique et pratique avec la punition et le supplice. C’est en tous cas la logique à l’œuvre dans l’assignation à résidence depuis 14 ans de Kamel Daoudi, la somme colossale de mesures coercitives absurdes aboutit systématiquement à leur propre auto-justification. Dernier épisode en date : une audience à Paris, un train qui tombe en panne, un retard de pointage et voilà le ministère de l’Intérieur qui peut à nouveau fanfaronner, à peu de frais : M. Daoudi a de nouveau démontré sa « propension à s’affranchir des contraintes qui lui sont fixées ». Il lui sera dès lors interdit de participer au festival des films Resistances, auquel il était officiellement invité à intervenir. Récit d’une duperie.
Le 21 juin 2022, vers 18h30, après maintes péripéties, j’arrive enfin au commissariat de Draveil (Essonne) pour émarger une copie de mon sauf-conduit me permettant de quitter exceptionnellement mon lieu d’assignation à résidence afin de me rendre à une convocation de la Cour d’Appel de Paris, le lendemain.
J’ai en effet saisi la Cour pour un relèvement en IDTF (Interdiction Définitive du Territoire Français) et ma présence est exigée.
Pour respecter la séparation des pouvoirs, le secrétariat du Ministère de l’Intérieur me délivre donc un sauf-conduit. En revanche, il y met tellement de contraintes que la moindre incartade même si elle n’est pas de mon fait serait perçue comme une insulte à sa magnanimité.
J’arrive donc ce mardi 21 juin vers 18h30 devant le blockhaus de béton faisant office de commissariat de police dans la commune voisine de celle où résident mes parents, j’aurais dû me présenter une première fois à 15h00 mais le train entre Brive-La-Gaillarde et Paris Austerlitz a mis plus de 2 heures de retard car les caténaires de la ligne étaient prises dans des branchages arrachées par la tempête de la veille dans la région.
Pour entrer dans le commissariat, il faut sonner à l’interphone à l’extérieur du bâtiment. Un agent vous demande de vous identifier et donner la raison de votre appel. Au bout de plusieurs minutes, il se résout enfin à m’ouvrir. Vous rentrez alors dans le sas où se trouve une minuscule fenêtre en verre blindé sous laquelle se trouve une…
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Auteur: lundimatin