L'Autonomie hypostasiée

Quelques remarques générales sur un livre bien mieux documenté que d’autres sur ce sujet.

Comme dans la plupart des livres récents sur « l’autonomie », on trouve dans celui-ci une confusion entre autonomie (une notion des années 1960-1970) et insurrectionnisme (une notion réactivée de façon plus récente même si cette perspective a eu sa place dans le mouvement, au sein de Potere operaio par exemple (PotOp) avant de devenir aujourd’hui une sorte d’idéologie de l’émeute. De la même façon que Marcello Tari dans son livre Autonomie ! l’Italie des années 1970, La Fabrique, 2011, confond l’autonomie ouvrière opéraïste des années 1960 et le Biennio rosso avec l’autonomie au sens du mouvement de ’77, Allavena a tendance à confondre l’autonomie ou les autonomies des années 70-80 avec l’insurrectionnisme et le sécessionnisme des années post 2000 ce qui l’amène à des références hautement contestables (Stella souvent et parfois Tari) qui ne réfèrent pratiquement jamais à la théorie opéraïste des années 1960 et a ce qui a été défini et nommé comme « autonomie ouvrière » dès le début des années 1960. Pourtant, il énonce très vite qu’il se gardera bien de parler de « l’Autonomie » avec une majuscule, ce en quoi il se démarque de la perspective unitaire et globalisante du livre de M. Tari. Nous voulons bien le croire, mais parfois la profusion de références ou citations, qui ne vont pas toutes dans le même sens, nuit à l’adoption d’une position claire pourtant ici affirmée.

 Cette théorie originelle ignorée fait qu’Allavena ne peut faire état ou même saisir la particularité de ce qu’on pourrait appeler la dernière tentative de théorisation prolétarienne du rapport de classe qui a fait de l’opéraïsme « la théorie de son temps » pour l’Italie (uniquement), en résolvant partiellement, pour la première fois depuis l’assaut prolétarien précédent des années 1917-1923, la question du rapport théorie-pratique. Ce n’est donc pas un hasard si Julien Allavena (désormais JA) veut retourner à ce qui serait des sources ou une filiation historique à travers sa référence aux courants de la gauche communiste de l’époque et particulièrement au conseillisme de type germano-hollandais. Or, le problème est justement que ce mouvement conseilliste a été quasiment ignoré par les opéraïstes. Seuls Sergio Bologna dès l’origine, mais à une place assez marginale dans l’opéraïsme, fait une référence aux expériences du…

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Auteur: lundimatin