L’article qui suit est une lecture critique du livre de Pierre Déléage paru il y a quelques mois à La Découverte dans lequel l’auteur compare les méthodes de plusieurs anthropologues (Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939), Benjamin Lee Whorf (1897-1941), Carlos Castaneda (1925-1998) et Eduardo Viveiros de Castro (né en 1951)) à celles de la science-fiction et notamment de Philip K. Dick. Si l’oeuvre de Déléage nous est inconnue, celle de Viveiros De Castro nous l’est un peu moins, raison pour laquelle ce billet nous a intéressé, quoique la polémique en question soit quelque peu restreinte au champ de l’anthropolgie (entre les auteurs qui défendent ici une anthropologie au service des luttes, notamment amérindiennes et une tendance plus cognitiviste qui prétend remettre les points sur les i).
Les Blancs, eux, ne rêvent pas aussi loin que nous. Ils dorment beaucoup, mais ne rêvent que d’eux-mêmes. Leur pensée demeure obstruée et ils sommeillent comme des tapirs ou des tortues. C’est pourquoi ils ne parviennent pas à comprendre nos paroles.
Davi Kopenawa, Bruce Albert, La Chute du ciel. Paroles d’un chaman yanomami, chapitre 17, « Parler aux Blancs », Plon, 2010, p. 412.
Sous le titre L’autre-mental, l’anthropologue français Pierre Déléage vient de publier à La Découverte un brûlot intégralement voué à salir la réputation de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro. « Anthropologue ventriloque », ce dernier, puisant sa matière dans « les philosophies du Quartier Latin », se foutrait bien de ce que « les Amérindiens » pensent, et, « débarrassé de tout scrupule épistémologique », comme au fond de tout scrupule moral et politique, n’hésiterait pas « à recouvrir leurs voix par la sienne » – forcément française et germanopratine, puisque, comme chacun sait, seule une voix française et parisienne est assez puissante pour recouvrir la voix des autres –, œuvrant…
Auteur : lundimatin
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