Le « style tardif » de la biopolitique. Pandémie et sélection

Dans ce pays, comme, je l’imagine, dans beaucoup d’autres, s’est improvisée au cours des mois où la pandémie covidienne s’est trouvée hors contrôle (mars, avril, mai, en gros), une sorte de médecine de catastrophe, une médecine de guerre dont l’apparition pourrait bien constituer un tournant affectant, en ce Nord global, les conditions générales de ce que Foucault appelle le gouvernement des vivants.

Le geste premier de cette médecine placée sous le régime non pas seulement de l’urgence mais de l’improvisation et du chaos, c’est le tri [1]. Celui-ci a consisté pour l’essentiel à opérer parmi les personnes infectées, dans des conditions où les hôpitaux étant débordés et le matériel adapté notoirement insuffisant, des sélections fondées sur ce que le personnel médical et ceux qui le supervisent considéraient comme étant les chances de (sur)vie des uns et des autres, selon les critères faisant référence à l’âge et à l’état général des personnes ; ceci dans des conditions où la pénurie en lits, en personnel et en matériel (appareils respiratoires et kits de tests pour l’essentiel) dans les services adaptés avait pour effet que tous les malades infectés ne pouvaient pas être accueillis dans les structures hospitalières.

En pratique, ces sélections consistaient, pour les services d’urgence, à renvoyer chez elles ou inciter à rester chez elles des personnes présentant des symptômes rendant nécessaire leur hospitalisation ou bien encore à « laisser mourir », à placer sous un régime de soins palliatifs des personnes présentant des symptômes aigus de la maladie.

Le terme « sélection » est sinistre puisqu’il est celui-là même qu’employaient les nazis pour désigner, dans les camps d’extermination, le tri qu’ils opéraient entre les déportés qu’ils considéraient comme aptes…

Auteur : redaction
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