Le 12 février 1958 parait La question — Nils ANDERSSON

Le 12 juillet, transféré au camp de Lodi, c’est la possibilité de prendre contact avec l’extérieur, de faire savoir : je suis vivant, de rédiger une plainte, adressée au Procureur général d’Alger Reliquet pour « torture, séquestration et menaces de mort. » Plainte qui, par l’aide de codétenus, sort clandestinement du camp, postée à des adresses en France pour alerter l’opinion. Sur les sept copies envoyées, deux seulement parviendront à leurs destinataires. Le 29 juillet, Jean Dorval communique la plainte à douze quotidiens nationaux, à six hebdomadaires et aux syndicats nationaux de la presse. Le 30 juillet, L’Humanité, publie la plainte, l’enfermement, le silence de la prison et du camp est brisé, Son nom, Henri Alleg, entre dans l’Histoire.

« L’affaire Alleg »

L’Humanité est saisie, les correspondants du Figaro et de France-Soir interrogent le procureur Reliquet qui répond « il n’y a pas d’affaire Alleg, puisque le Procureur général d’Alger n’a reçu aucune plainte. » La plainte a effectivement été bloquée par les autorités militaires et le procureur Reliquet adresse une lettre à son ministre de tutelle, François Mitterand dans laquelle il fait le constat « à regret », que la presse est : « la principale, si ce n’est l’unique source d’information de mon substitut général et de mon parquet d’Alger. » L’armée, la justice, l’État s’enferment dans le déni, mais il y a une « affaire Alleg. »

Gilberte Alleg, expulsée d’Algérie par l’administration coloniale, en raison de son activité visant à dénoncer la disparition de Maurice Audin et celle de son époux, interpelle toutes les rédactions parisiennes en présentant l’original de la plainte et en déposant une lettre dans laquelle Henri Alleg relate les faits survenus depuis son arrestation. La lettre est publiée par Libération d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, le 31 juillet, France-Soir de Pierre Lazareff, le 2 août, Le Monde d’Hubert Beuve-Méry, le 3, mais dès le 1er août, « l’affaire Alleg » était internationalisée par un article du New-York Herald Tribune. Le 7 août, France-Soir, le plus important quotidien national publie six articles sur « l’affaire Alleg » et Le Monde une déclaration de ses avocats. Avant d’être une « affaire judiciaire », « l’Affaire Alleg » fut donc une « affaire de presse. »

L’Humanité et Libération informent et alertent sur le recours à la torture lors de la « bataille d’Alger » ou de « l’opération…

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Auteur: Nils ANDERSSON Le grand soir