Le 53e congrès de la CGT, nouvel épisode d’une profonde crise de direction

Politiste spécialiste du syndicalisme, Sophie Béroud analyse le 53e congrès de la CGT, qui vient de se dérouler dans une ambiance combative mais tendue. Elle offre une cartographie précise de la CGT et éclaire les véritables enjeux de ce congrès en les replaçant dans une perspective historique et sociologique, loin des caricatures médiatiques autour du clivage entre « modernistes » et « archaïques ».

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Le 53e congrès confédéral de la CGT qui s’est déroulé à Clermont-Ferrand du 27 au 31 mars 2023 a suscité nombre de commentaires, dans les médias, les réseaux sociaux mais aussi dans les rangs militants, aussi alarmants que négatifs. La nouvelle secrétaire générale de la confédération, Sophie Binet, qui n’était pas candidate à ce poste au début des assises, a parlé dans son discours de clôture d’un congrès difficile, ayant donné lieu à des échanges très tendus et même à une violence « qui n’a pas sa place dans les rapports militants ».

Que s’est-il passé dans ce congrès alors même qu’il se tenait en plein mouvement social contre la réforme des retraites imposée par le gouvernement Borne et que la CGT joue un rôle central depuis janvier 2023 à la fois dans l’intersyndicale nationale qui conduit la lutte mais aussi, et surtout, dans la construction au quotidien sur le terrain de la mobilisation ? En décembre 1995, en plein mobilisation générale contre le plan Juppé, le 45e congrès confédéral de la CGT avait été traversé par le souffle de celle-ci, avec une forte effervescence militante et l’impression partagée que la confédération regagnait en force et en capacité d’action[1]. À l’inverse, en 2023, une partie des délégué.es présent.es à Clermont-Ferrand ont ressenti un étonnant contraste entre ce qui se jouait dans la rue – avec la réussite le mardi 28 mars d’une dixième journée de manifestations massives – et dans certains secteurs, toujours en grève…

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Auteur: redaction