Le BDSM au Palais de Tokyo

La nuit Démonia est, en France, le principal événement lié au fétichisme et au BDSM (Bondage, Domination, Sadisme, Masochisme). Organisées par la boutique du même nom, ces soirées rassemblent des centaines de participants depuis 1993. La dernière d’entre elles s’est tenue ce samedi 11 juin, au Yoyo, discothèque branchée du palais de Tokyo.

Au moment de réserver ma place, moyennant 69 euros, je m’interroge. Au delà de savoir si je serai à l’aise dans un tel contexte, je me questionne sur le profil social des personnes qui pourront et oseront venir, comme sur le sens à développer une pratique alternative, se voulant parfois subversive, dans un lieu parisien emblématique de l’art contemporain et de la culture officielle.

En plus tu ticket d’entrée, l’enveloppe reçue contient les trois principes d’un code éthique. D’abord, rappel du principe de consentement, ne pas toucher une personne sans son accord. Ensuite, seuls les photographes agréés sont autorisés à photographier les participants (ils respectent évidemment l’anonymat des personnes, la volonté d’apparaître sans être flouté étant l’exception, et devant être exprimée). Enfin, un principe de « tolérance zéro » est proclamé. Les contrevenants aux deux règles précédemment citées seront exclus de la soirée. Tout en trouvant légitimes les deux premiers principes, et sans contredire la nécessité d’exclure ceux qui dépasseraient les bornes, je m’interroge sur ce syntagme, cette « tolérance zéro » maintenant revendiquée à tout bout de champ. Originellement, la « tolérance zéro » est la doctrine sécuritaire développée dans les années 90 par le Parti républicain à la tête de la mairie de New York, reprise en France par le Front National, avant que cette expression, comme bien d’autres issues de la droite dure, ne s’étende au reste du champ politique.

C’est le moment de la fouille. Les vigiles sont affables, courtois, et peut-être trop souriants pour que je ne puisse m’empêcher de me demander si ce sourire dissimule une gène, lors qu’ils fouillent les sacs contenant tenues en cuir, harnais, bougies, fouets et martinets, afin de vérifier qu’aucun objet dangereux n’est introduit dans les lieux. Ou alors, est-ce simplement une projection de ma part, qui suis, en effet quelque peu gêné au moment d’ouvrir mon sac ?

Après le passage au vestiaire (changing room est-il indiqué), un second checkpoint est tenu par un employé déguisé en militaire, matraque à la main, vérifiant que le…

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Auteur: lundimatin