Depuis de nombreuses années, les scientifiques alertent sur les dangers pour la biodiversité de l’agriculture intensive et de l’usage inconsidéré de multiples produits phytosanitaires associé à ce type de pratiques agricoles. Une nouvelle étude, menée par des chercheurs du CNRS et de l’université de Bourgogne Franche-Comté au centre d’études des animaux sauvages de Chizé, vient confirmer l’impact à long terme des résidus de pesticides sur la santé des oiseaux de plaine.
Dans cette étude, les chercheurs ont nourri des perdrix grises avec des grains provenant soit de l’agriculture biologique (sans pesticide) soit de l’agriculture conventionnelle (avec pesticides). Afin d’imiter au mieux les conditions auxquelles les oiseaux sauvages sont réellement soumis dans leur milieu naturel, l’expérience a duré 26 semaines à l’issue desquelles les chercheurs ont évalué une série de paramètres physiologiques et comportementaux.
Les chercheurs notent que l’ingestion de faibles doses de pesticides sur une longue période, sans induire de mortalité différentielle, a des conséquences à long terme sur plusieurs voies physiologiques majeures. Ainsi les oiseaux exposés à des doses chroniques ont des parures à base de caroténoïdes moins développées en raison de concentrations plus faibles en caroténoïdes plasmatiques. De tels pigments sont cruciaux pour le développement de caractères sexuels secondaires, notamment la tache rouge située derrière l’œil qui joue un rôle important dans le choix d’un partenaire sexuel. Dans le groupe avec pesticides, sont également décrits un système immunitaire déprimé (moins de globules blancs), un stress physiologique induisant une charge parasitaire intestinale plus élevée, une activité comportementale et une condition corporelle plus élevées ainsi qu’un investissement reproducteur plus faible se traduisant par des œufs plus petits, mais une coquille plus épaisse.
Les auteurs insistent sur le fait que, contrairement à ce qui se fait actuellement c’est-à-dire une prise en compte des effets à court terme, il convient également de ne pas ignorer des effets à long terme susceptible d’affecter les dynamiques de population.
Moreau et al. 2021 Feeding partridges with organic or conventional grain triggers cascading effects in life-history traits. Environ Pollut. Jun 1;278:116851. doi: 10.1016/j.envpol.2021.116851.
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Auteur: nadine