Le blé bloqué en Ukraine, l'Europe s'affole

Agriculture
Monde

Huit jours après le démarrage du conflit russo-ukrainien, les marchés agricoles jouent toujours aux montagnes russes. Mercredi 2 mars au matin, maïs et blé sont arrivés quasiment à parité, autour de 370 euros la tonne. Les records tombent tous les jours, tant l’invasion russe de l’Ukraine bouleverse les routes traditionnelles des grains qui cherchent désormais à contourner la mer Noire.

« Le port d’Odessa a été bombardé. Le flux logistique est inexistant. Les bateaux ne sortent pas », dit Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, qui collecte et valorise 4,5 millions de tonnes (Mt) de grains pour un chiffre d’affaires d’environ 3 milliards d’euros. « On a observé des défauts sur des contrats qui invoquent la clause de force majeure sur zone de guerre », indique Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer. Plus personne n’envoie de bateaux charger en mer Noire au milieu des navires de guerre.

Cette zone est pourtant clé pour les échanges économiques de l’Est européen. D’après une note de l’Institut de l’élevage Idele, près de 95 % des exports de céréales ukrainiennes se font par Odessa, Marioupol, Mykolaïv et Kherson, quatre ports désormais indisponibles. La sidération étant passée, les marchés se réorganisent pour faire face à une rupture d’approvisionnement sur le « long terme ».

« Une raréfaction est possible »

Mercredi 2 mars en conférence de presse, le ministre français de l’Agriculture, Julien Denormandie, a exhorté l’Europe à « faire en sorte que les niveaux de cultures soient suffisants pour faire face à la demande alimentaire ». La guerre pose un sérieux problème de sécurité alimentaire, la Russie et l’Ukraine étant deux exportateurs majeurs de céréales (environ 100 millions de tonnes, 30 % des exportations mondiales de blé) et d’oléagineux. Depuis le Salon de l’agriculture, Jean-François Loiseau a raconté recevoir « des appels d’opérateurs importants publics et privés, d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne, qui sont extrêmement soucieux de leurs approvisionnements ». L’Égypte ou la Tunisie importent plus de 60 % de leurs besoins en blé. Dans les pays du Sud Sahara, ce chiffre monte à 77 %, d’après le cabinet Agritel.

La France, elle, dispose d’un surplus exportable de blé estimé entre 1 et 1,5 Mt, mais il ne compensera pas les 12 à 14 Mt manquants dans les semaines à venir. Le maïs ukrainien fait aussi défaut sur les marchés….

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Auteur: Laure Noualhat Reporterre