Le Bois du chat, symbole de la lutte entre deux visions de la forêt

Tarnac (Corrèze), reportage

Pour l’instant, les tronçonneuses n’ont toujours pas eu raison du Bois du chat. La forêt s’éveille aux prémisses du printemps, mais la vie y est en sursis. Jusqu’à présent, les habitants de Tarnac (Corrèze), sur le plateau des Millevaches, ont réussi à faire reculer les machines et les bûcherons. Ils ont bloqué physiquement le chantier à deux reprises et l’ont sauvé, in extremis, de la coupe rase.

Cette forêt diversifiée, classée Natura 2000, est composée de 6 hectares de chênes et de hêtres. Et depuis le début de l’année, elle est devenue le lieu emblématique d’une âpre bataille entre représentants de la filière sylvicole et écologistes.

De nombreux habitants sont excédés par ces coupes qui modifient l’écosystème de la région, dégradent les sols et fragilisent la ressource en eau. Et leur corollaire : la multiplication des plantations de pins douglas, plus rentables.

Lundi 6 mars, deux appels à manifester à l’orée du bois s’étaient superposés. Le premier, à l’initiative de locaux, appelait à « un dialogue » et à une réflexion générale sur nos modes de sylviculture. Le second, à l’appel des exploitants forestiers, invitait à défendre le droit de propriété, les emplois de la filière bois et son intérêt économique. De chaque côté, une centaine de personnes se sont mobilisées.

Les défenseurs de la forêt ont voulu éviter le face-à-face frontal avec des représentants de la filière particulièrement remontés. Dans une tentative de dialogue, une délégation a même été constituée pour aller à leur rencontre, composée d’une dizaine de personnes — des militants, des maires locaux, la députée La France insoumise Catherine Couturier et la porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) Chloé Herzhaft. Objectif : réaffirmer qu’elle ne s’oppose pas à des individus ni à des travailleurs mais à un modèle industriel qui détruit le vivant autant qu’il maltraite les humains.

Dans une tribune publiée sur Mediapart, les défenseurs du Bois du chat rappellent que la coupe rase n’est en rien irrémédiable. « L’enjeu est de faire évoluer la réglementation nationale pour faire adopter des pratiques forestières respectueuses des humains et des milieux, comme c’est le cas chez nombre de nos voisins européens », écrivent-ils.

Depuis 1902, la Suisse a en effet banni les coupes rases de son pays. En 1948, la Slovénie a suivi son exemple et rendu obligatoire « une sylviculture proche de la nature ». Depuis 1975, l’Autriche soumet les coupes de plus de 0,5 hectare à une autorisation spéciale et interdit celles de plus de deux hectares. Plusieurs Länder d’Allemagne ont aussi imposé de fortes…

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Auteur: Gaspard d’Allens Reporterre