Le Brésil vit la pire sécheresse de son histoire

Sao Paulo (Brésil), correspondance

Quand il a pris connaissance du rapport alarmant publié par l’ensemble des services de météorologie fin mai dernier, le gouvernement fédéral brésilien a aussitôt émis une alerte officielle pour cinq États du Centre-Ouest du pays. Comme prévu, le niveau de précipitations y est inférieur à la moyenne normalement observée en cette saison. 40 % du territoire national souffre en ce mois d’août du manque de pluie et dans certaines régions des États de Minas Gerais et de São Paulo, la sécheresse est classée par le Centre national de surveillance et d’alerte des désastres naturels (Cemaden) à un niveau « exceptionnel », le plus élevé.

Dans l’État de São Paulo, qui compte 45 millions d’habitants, les nappes phréatiques sont sous pression. Le plus grand système d’approvisionnement en eau de la région frôle son niveau d’alerte de 40 %, et devrait terminer l’année entre 20 % et 29 % de sa capacité, d’après les prévisions du Cemaden. Un niveau qui rappelle celui du début de la grande crise hydrique en 2014, quand jusqu’aux quartiers du centre de la capitale économique avaient subi des coupures d’eau.

Pour tenter d’éviter ce scénario, la mairie d’Itu, ville de 175 000 habitants située à une centaine de kilomètres de São Paulo, a instauré le 6 juillet pour trois mois un système de rationnement, suivant les quartiers, qui reçoivent désormais l’eau courante de façon alternée, un jour sur deux. Le rationnement s’est peu à peu étendu à 53 villes des alentours. Malgré cette mesure, l’eau vient parfois à manquer pendant plusieurs jours d’affilée.

« Ici, on a toujours des coupures », assure Neuza Giatti, qui habite depuis 26 ans le quartier de Cidade Nova, « mais cette fois, ça fait plus de cinq jours qu’il n’y a pas une goutte ». Un camion-citerne passe de temps en temps, et grâce à la solidarité familiale, elle s’est constitué une petite réserve de trois bassines d’eau. « La douche, c’est avec une tasse », se résigne-t-elle, « mais il faut chauffer l’eau, et ça fait augmenter la facture de gaz ». Excédés, des habitants ont bloqué les rues du quartier en montant des barricades improvisées pour attirer l’attention sur leur situation.

Berge récemment incendiée du fleuve Paraíba do Sul, au milieu duquel apparaissent des bancs de sable, Campos de Goytacazes. © Pierre Le Duff/Reporterre

Ce rationnement, qui a désormais été étendu à plus de cinquante villes dans les États de São Paulo et…

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Auteur: Pierre Le Duff Reporterre