Le brûlage des déchets verts, un fléau pour la qualité de l'air

Une épaisse fumée noire stagne au-dessus de la vallée du Rhône. En cette matinée du 8 avril, le mercure est descendu jusqu’à −7 °C et l’air est irrespirable. Témoignage de la bataille perdue par les arboriculteurs et les viticulteurs contre le gel. Pour réchauffer l’air et sauver les bourgeons — développés prématurément en raison de températures proches des 25 °C une semaine plus tôt — les producteurs ont brûlé de la paille et allumé des torches au pied des vergers. Si la technique n’est pas nouvelle, son ampleur a provoqué un important pic de pollution, des plaines viticoles du Vaucluse jusqu’au centre-ville de Lyon.

La concentration des polluants était telle que les capteurs d’AtmoSud, association mandatée par l’État pour contrôler la qualité de l’air de la région Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur), ont disjoncté. « On n’a pas tout de suite compris ce qu’il se passait », raconte, encore stupéfait, Stéphane Castel, responsable innovation et communication de l’organisme. « À Carpentras et Avignon, nos stations ont enregistré des résultats aberrants. Nous avons ensuite fait le lien avec l’épisode de gel. » Les capteurs de leurs homologues d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ont enregistré des données similaires : une concentration de PM10 (particules en suspension dans l’air d’un diamètre inférieur à 10 micromètres) dans l’atmosphère jusqu’à 297 µg/m³ à Romans-sur-Isère (Drôme), soit largement au-dessus du seuil d’alerte pollution situé à 50 µg/m³.

Le village de Loudenvielle couvert par les fumées issues de l’écobuage et du chauffage au bois, le 18 janvier 2019.

Si la catastrophe vécue par le monde agricole a mis en lumière les effets du changement climatique, elle a aussi démontré une réalité largement occultée : les lourdes conséquences du brûlage des déchets verts sur la qualité de l’air et la santé. En effet, la combustion de végétaux encore humides, qualifiée de « peu performante », rejette une grande quantité de particules dans l’atmosphère : du monoxyde de carbone (CO), des oxydes d’azote (NOx), ou encore des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ces dernières sont des constituants naturels du charbon et du pétrole, qui peuvent provenir également de la combustion incomplète du bois, ou encore du tabac.

Parmi la famille des molécules HAP, on retrouve des composants comme le benzo(a)pyrène, reconnu comme cancérigène. AtmoSud estimait déjà en 2012 que la combustion du bois, principalement…

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Auteur: Reporterre