Le build-up, un savoir-faire essentiel des capital-investisseurs

Le capital-investissement ou private equity a connu une croissance fulgurante depuis dix ans avec des fonds sous gestion multipliés par trois et dépassant 7 000 milliards de dollars US, un montant similaire à la valeur totale des entreprises cotées de l’Union européenne. Cette industrie, autrefois une niche un peu obscure, est devenue un acteur majeur de la gestion d’actifs et du financement des entreprises. Des firmes comme Apollo, Blackstone ou KKR, flibustiers s’attaquant à la finance traditionnelle et aux conglomérats des années 1980, sont devenues de grands gérants cotés en bourse. En France, le capital-investissement est également devenu un acteur important du financement.

Les sociétés de capital-investissement (SCI) lèvent des fonds auprès d’investisseurs (en majorité institutionnels) et les investissent dans des entreprises non cotées en bourse, en leur apportant des fonds propres (capital-risque, capital-développement) ou en finançant des acquisitions par LBO (leveraged buyout ou acquisition à effet de levier).

Ainsi, les « licornes » (start-up évaluée à plus d’un milliard de dollars) françaises comme Backmarket, Blablacar ou Doctolib sont financées par des fonds de capital-risque et de grandes entreprises comme Birkenstock, Cegid, Cerba Healthcare, Maisons du Monde ou Verallia sont ou ont été détenues par des fonds spécialisés dans le LBO.

Quelle valeur ajoutée ?

L’utilité économique et sociétale des LBO, principal segment du capital-investissement, reste cependant contestée. Dans quelle mesure ces opérations sont-elles bénéfiques aux entreprises et à leurs parties prenantes ? Les capital-investisseurs ont-ils une valeur ajoutée à la mesure de leur rémunération – souvent dénoncée comme excessive – et de plus peu imposée, en particulier aux États-Unis ?

Ces derniers soulignent qu’ils sont aptes à identifier et à sélectionner des firmes performantes et, surtout, à les aider à réussir en étant des actionnaires actifs et compétents, souvent majoritaires. Mais certains observateurs soutiennent que cette supposée valeur ajoutée est très exagérée et que les opérations reposent avant tout sur l’effet de levier financier (une dette élevée) qui rend les entreprises financées plus fragiles.

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De plus, certaines recherches académiques récentes indiquent, bien qu’il n’y ait pas consensus sur le sujet, que la rentabilité moyenne du capital-investissement n’est pas significativement supérieure à celle de l’investissement dans les sociétés cotées en bourse, ce qui pose la question des montants considérables investis par les investisseurs dans le secteur non coté.

Opérations complexes

Sans prétendre trancher ce débat, nous tentons de l’éclairer dans une recherche…

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Auteur: Christophe Bonnet, Professeur de finance, Grenoble École de Management (GEM)