Après avoir bénéficié de diverses aides publiques pour faire face à la crise sanitaire, les grandes entreprises du CAC 40 vont en faire profiter leurs actionnaires, au détriment de la viabilité de ces mêmes entreprises et de la sécurité de leurs employés. C’est la nouvelle accablante que nous rapporte l’Observatoire des Multinationales, dans une note dénonçant le caractère inconditionnel de ces aides publiques.
En effet, et aussi étonnant que cela puisse paraître, les entreprises et leurs actionnaires font ce qu’elles veulent des aides qui leur ont été fournies l’année passée par les divers pouvoirs publics pour soutenir l’activité économique face à la crise sanitaire (chômage partiel, plan de relance national, soutien de la Banque Centrale Européenne…). Aucune contrepartie sociale, économique ou fiscale n’a été imposée en échange de ces aides.
De ce fait, les actionnaires n’ont eu qu’une seule préoccupation : comment compenser les pertes de revenus de 2020, conséquence de l’arrêt des activités productives ? Solution de facilité : en utilisant l’argent public pour combler les carences de profits.
En 2021, toujours d’après l’Observatoire, ces entreprises reverseront en moyenne 140 % des profits à leurs actionnaires. Autrement dit, ces mêmes entreprises seront privées de 100% de leur chiffre d’affaires de 2020 et les 40% restant seront piochés dans leur trésorerie, dont une partie est aujourd’hui constituée d’aides allouées par l’Etat. Le tout au nom de la sacrosainte liberté des actionnaires, exerçant simplement leur droit illimité à réclamer toute valeur produite par les entreprises qu’ils financent.
« C’est dans ces moments de crise qu’il faut profiter de l’argent de l’état » prêchait, en Octobre 2020, Bruno Le Maire. « Croyez-moi, c’est pas tous les jours qu’un ministre des finances vous dira : ‘‘Vous avez besoin d’argent ? Je vous en donne !’’. Profitez-en. Profitez-en pour investir. […] Profitez-en pour associer d’avantage vos salariés à votre processus de production, vous verrez, vous en sortirez plus fort ; vos salariés en sortiront plus heureux ».
Lors de ce discours tenu devant des centaines d’entrepreneurs, le ministre de l’économie tenait à faire consensus sur l’idée que les sommes versées aux grandes entreprises bénéficieraient au plus grand nombre. En versant ces aides, les entrepreneurs seront selon lui « libérés » des aléas liés à la crise…
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Auteur: Pierre Boccon-Gibod