Le Capitalisme contre la Terre ou la production contre la génération

Du « capitalisme sans la Terre » à l’« astrocapitalisme », on voit bien qu’il n’y a guère de distance. Ces deux cauchemars dystopiques aux effets hélas bien réels sur « nous autres » racontent la même histoire effrayante d’une machine totalitaire dont rien ni personne ne semble pouvoir stopper l’hybris. Machine : le capital et son implacable exigence de reproduction toujours plus « élargie ». Totalitaire : au sens que lui donne Hannah Arendt dans Les Origines du Totalitarisme, soit un « mouvement » qui ne saurait jamais se stabiliser – toujours « plus vite, plus haut, plus fort ». Le « rêve » ultime des ingénieurs nucléaires s’appelle Iter : produire enfin de l’énergie sans qu’il ne soit plus besoin de matière, ou quasiment. Celui d’Elon Musk et des « astrocapitalistes » est de s’arracher enfin aux contingences terrestres afin d’aller trouver de la matière ailleurs… Je mets des guillemets à « astrocapitalisme » car il me semble que la logique de celui-ci ne diffère en rien de la logique du capitalisme tout court, dont Émilie Hache parle en termes de production et de reproduction, qui ont remplacé les anciennes génération et régénération. C’est pourquoi j’ai eu envie de traiter de ces trois livres ensemble : en fin de compte, ils racontent tous trois la même histoire, depuis des points de vue différents, bien sûr.

Fantasmagories nucléaires…

Il est vrai que dans le nucléaire, on parle aussi de « surgénérateurs » – et ce préfixe « sur » dit déjà toute la folie de ce qu’Ange Pottin appelle le « capital fissile » (jeu de mots qui permet de le distinguer du capital fossile basé sur l’exploitation du charbon puis du pétrole ; notons au passage que l’énergie nucléaire est très loin d’avoir remplacé l’exploitation de ces ressources fossiles, laquelle se porte toujours aussi bien, envers et contre les bonnes intentions dont est…

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Auteur: dev