Le capitalisme définitif

L’article qui suit nous vient du Danemark et de la plume de Carsten Juhl, historien, traducteur et théoricien de l’art qui fonda en 1967 la section scandinave de Programme Communiste, reliée à la pensée de Amadéo Bordiga et au Parti Communiste International (PCI). Le propos est un peu sinueux : il tente de faire dialoguer la proposition récente d’Agamben de parler d’un « capitalisme communiste » pour décrire la montée en puissance du modèle chinois dans la phase actuelle avec les analyses de Mikkel Bolt Rasmussen sur le capitalisme fasciste et la situation américaine depuis quelques années. Pour cela, il fait de multiples détours par l’histoire, les insurections des 10 dernières années, la théorie de l’art, la philosophie de Lyotard et ses reprises pas toujours heureuses dans les cultural studies américaines.

Périodisation et question américaine à partir du livre de Mikkel Bolt Rasmussen, Hegel après Occupy, Paris : Divergences, 2020.

I.

Peu avant Noël, le 15 décembre, Giorgio Agamben mettait un petit texte laconique en ligne sur son site chez l’éditeur Quodlibet. Le texte avait pour titre « Capitalismo comunista » et il proposait en quelques mots une thèse sur cette période de l’histoire du capitalisme complètement contraire à celle défendue par les adeptes du « néoliberalisme » : le capitalisme de marché avait fait fusion avec le capitalisme d’État. C’est ce capitalisme d’État en Chine populaire et en Russie soviétique qui constituerait le modèle pour les formes d’organisation et de contrôle choisies en ces temps de pandémie et qui serait en train de l’emporter sur les formes occidentales et plus au moins « démocratiques » du capitalisme historique.

Il n’est pas faux, sans doute, qu’il y ait eu une espèce d’explosion de l’histoire avec l’arrivée du corona virus, mais l’explosion a eu lieu dans un monde et dans un temps déjà archi mûr et tendu vers une solution violente et totale des contradictions en place, et cela depuis des années. Mais il est sûrement vrai, qu’après dix ans d’insurrections sur la planète on aurait pu s’attendre à l’implosion économique et sociale de l’Amérique ou à une grande vague de démocratie globale partant de l’Afrique, et au lieu de quoi c’est la contre-révolution qui semble l’avoir emporté, au moins pour le moment.

Déjà en 2017, après l’élection du roi Ubu à la Maison blanche, Mikkel Bolt Rasmussen (MBR) avait publié un livre prémonitoire : La contre-révolution de Trump…

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Auteur: lundimatin