En 2050, l’humanité comptera près de dix milliards d’individus. L’un des défis majeurs du XXIᵉ siècle est de nourrir décemment tous les êtres humains. Le relever dépendra de l’aptitude du système mondial d’agriculture et d’élevage à produire suffisamment de nourriture tout en préservant l’environnement. Mais le changement climatique met en péril cette capacité : dans une étude parue dans Nature climate change, des chercheurs de l’Université de Cornell aux États-Unis ont démontré que le changement climatique observé au XXᵉ siècle a réduit de 21 % la production agricole par rapport à ce qu’elle aurait été sans réchauffement global.
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques se sont basés sur les données collectées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et les données météorologiques du Global Meteorological Forcing Dataset (GMFD). En compilant des données très variées de 172 pays sur un demi-siècle, ils ont réussi à retracer l’augmentation de la production agricole mondiale depuis 1961 en prenant en compte de très nombreux paramètres (technique d’irrigation, engrais utilisés, main d’œuvre disponible, type de plantations, aléas météorologiques).
Il se dégage de cette étude une courbe ascendante, que les scientifiques ont ensuite comparé à la courbe qu’aurait suivie la production agricole suivant un modèle de changement climatique sans l’influence humaine.
« Depuis les années soixante, la moitié des pertes soudaines de récoltes ont été attribuées aux aléas climatiques »
Les résultats sont sans appel. Entre les observations et les attendus, on constate que l’augmentation de la productivité agricole a été 21 % plus faible que ce qu’elle aurait été sans le réchauffement. « Depuis les années soixante, la moitié des pertes soudaines de récoltes ont été attribuées aux aléas climatiques » dit à Reporterre Delphine Renard, chercheuse au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive.
Cette diminution n’est pas uniforme et dépend largement de la latitude géographique. Les régions les plus chaudes et les plus touchées par le changement climatique sont celles qui enregistrent les déficits les plus marqués. C’est le cas du continent africain qui enregistre un écart de 34 % par rapport aux modèles, et de l’Amérique Latine et des Caraïbes (25 %). La baisse est moins marquée dans les régions plus froides comme l’Amérique du Nord (12,5 %), l’Europe et l’Asie…
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Auteur: Reporterre