Le changement climatique, un prisme nécessaire pour penser la réforme du système du patrimoine mondial

Ces dernières années, de nombreuses régions du monde ont été dévastées par des sécheresses extrêmes, des inondations, des incendies et des vagues de chaleur liés au changement climatique. Mais le changement climatique n’influe pas seulement sur le temps qu’il fait : il représente également une menace existentielle pour la Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE) de nombreux sites parmi les plus précieux de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, et potentiellement pour le système du patrimoine mondial lui-même.

Cette année marque le 50e anniversaire de la Convention du patrimoine mondial. Elle a été adoptée en 1972 pour protéger les sites patrimoniaux d’importance mondiale en tant que patrimoine commun de l’humanité. Parmi les sites du patrimoine mondial les plus connus figurent le Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine, le parc national de Yellowstone et les îles Galápagos.

La convention a été signée par 194 pays (appelés « États parties »). Plus de 1 150 sites dans 167 pays ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial pour leur valeur culturelle et/ou naturelle. En moyenne, environ 25 sites supplémentaires sont ajoutés à la liste lors de chacune des réunions annuelles du Comité du patrimoine mondial, alors même que les sites existants sont menacés par le changement climatique.

L’augmentation du nombre de sites du patrimoine mondial et leur exposition croissante aux gaz à effet de serre responsables du changement climatique

L’augmentation du nombre de sites du patrimoine mondial et leur exposition croissante aux gaz à effet de serre responsables du changement climatique.
Greg Terrill/Unesco

Une menace sans précédent

Le changement climatique représente aujourd’hui la menace la plus importante pour de nombreux sites du patrimoine mondial, en particulier ceux qui y sont inscrits pour la valeur de leur patrimoine naturel. Les impacts à court et à long terme liés au climat sont en augmentation. Par exemple, d’ici 2100 et selon le scénario d’émissions utilisé, on prévoit l’extinction complète des glaciers pour 8 à 21 sites du patrimoine mondial au sein desquels les glaciers sont un attribut de leur valeur universelle.

Le nombre de sites du patrimoine côtier africain menacés par une inondation extrême et une érosion côtière centennale, y compris la ville de Zanzibar et l’île de Mozambique, devrait plus que tripler d’ici 2050 selon un scénario d’émissions modérées.

Les effets de ces émissions sont cumulatifs et certains persisteront pendant des siècles après que le monde aura atteint des émissions nettes nulles. Le changement climatique démultiplie les menaces, exacerbe les menaces existantes, affecte les sites de manière de plus en plus complexe et exige des ressources supplémentaires pour leur gestion et l’adaptation à cette nouvelle donne.

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L’insécurité alimentaire, les tensions sociales et les déplacements de populations dus au changement climatique vont encore accroître les pressions sur les sites du patrimoine mondial.

Le concept de valeur universelle exceptionnelle est fondamental dans le cadre de la Convention du patrimoine mondial et dans la définition des processus de protection des sites concernés. La valeur universelle exceptionnelle est souvent interprétée sans tenir compte du changement climatique. Il sera finalement impossible de maintenir la valeur universelle exceptionnelle pour laquelle de nombreux sites ont été inscrits, même si des stratégies d’atténuation mondiales et locales efficaces et des stratégies d’adaptation locales sont mises en œuvre.

À Venise, l’efficacité des barrières rétractables massives construites à l’entrée de la lagune sera mise à l’épreuve par la hausse prévue du niveau de la mer de 17 à 120 cm d’ici 2100, qui entraînera des inondations de plus en plus fréquentes, durables et potentiellement permanentes. Un programme de restauration et d’adaptation tente de développer une série d’interventions sûres et acceptables pour aider la Grande Barrière de Corail à résister, à s’adapter et à se remettre des impacts du changement climatique. Cependant, il sera difficile de rendre les interventions opérationnelles à l’échelle de cette vaste zone du patrimoine mondial.

Inondations à Venise, 2010

Les…

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Auteur: Helene Marsh, Emeritus Professor, Environmental Science, James Cook University