María de Jesús Patricio Martínez, dite Marichuy, du peuple Nahua, fait partie de la délégation des peuples autochtones du Mexique en tournée européenne depuis l’été dernier, à l’initiative des communautés zapatistes du Chiapas, dont l’expérience radicale de transformation sociale et politique est une référence pour une grande partie la gauche occidentale.
Après le débarquement en Espagne d’une avant-garde de sept personnes, en juin dernier, ce sont près de 200 représentant·es qui les ont rejointes cet automne pour mener une campagne « pour la vie » anticapitaliste, féministe et écologiste à la teneur radicale. Nous avons rencontré Marichuy lors du passage d’une partie de cette délégation à Paris.
Politis : Le Conseil national indigène (CNI) mexicain vous avait désignée pour concourir à la présidentielle de 2018, première femme autochtone engagée dans une telle démarche. Il s’était pourtant jusque-là refusé à participer au jeu politique institutionnel. Quel a été le moteur de cette décision ?
Marichuy : En 2016, à l’occasion des trente ans du CNI, et conjointement avec les camarades zapatistes du Chiapas, nous nous sommes dit qu’il fallait prendre des initiatives nouvelles parce que la situation continuait d’empirer pour nous. Et que nous ne verrions aucune perspective d’amélioration si nous ne trouvions pas les moyens d’attirer le regard sur la situation des communautés indigènes. À écouter les médias, on aurait pu croire que tout allait bien mieux pour nos populations, que les communautés étaient en voie d’inclusion, intégrées dans des programmes de développement, etc.
Mais la réalité du terrain était bien différente. Non seulement notre situation économique ne s’améliorait pas, mais certains de nos camarades de lutte disparaissaient, était emprisonnés, voire assassinés. Alors que la présidentielle s’annonçait, nous avons envisagé la possibilité d’y participer. Nous nous y étions toujours refusés, par refus d’assumer des charges et des compromissions avec le système, par refus d’aller « en haut » et quitter ceux « d’en bas ».
Nous en avons longuement discuté en assemblée du CNI, qui réunit jusqu’à un millier de représentants, et nous sommes finalement tombés d’accord sur l’utilité de participer à la campagne électorale. Non seulement par l’opportunité donnée aux médias de s’intéresser à notre démarche, mais aussi par l’occasion pour nous de parcourir le pays afin de relayer les problèmes des…
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Auteur: Patrick Piro (Politis)