Le 25 mars, l’Académie des sciences russe a présenté un rapport montrant les niveaux de pollution atmosphérique hors norme dans vingt-trois villes de Sibérie. Ce rapport souligne notamment des teneurs élevées de benzopyrène à Norilsk, Novokouznetsk et Krasnoyarsk. Devant les réactions inquiètes, l’Académie a retiré la vidéo. Les informations ont malgré tout fuité grâce à un site d’information russe.
Reporterre revient de la région de Novokouznetsk et décrit comment la pollution massive détruit l’environnement et abîme la vie des habitants.
Région du Kouzbass (Russie), reportage
Il y a encore une petite quinzaine d’années, Matiouchino, petit village du sud de la Sibérie occidentale, habité principalement l’été, était l’endroit rêvé pour se ressourcer. Situé sur les hauteurs de Novokouznetsk à une trentaine de minutes de l’importante ville industrielle — une des plus polluées de Russie —, on venait y respirer l’air pur, cueillir des baies ou des champignons, et profiter des plaisirs de la taïga, la forêt de Sibérie si chère au cœur de ses habitants.
Le décor de carte postale n’est plus qu’un lointain souvenir. Matiouchino et ses datchas (des maisons de vacances) sont désormais encerclés aux trois quarts par une mine de charbon à ciel ouvert, qui ne cesse de grignoter du terrain. Il suffit de marcher jusqu’au bout de la rue principale du village pour la voir en contrebas : la mine de Berezovsky est à moins de 300 mètres des plus proches habitations — la réglementation prévoit pourtant une distance obligatoire minimale d’un kilomètre. Un trou immense où s’activent des machines nuit et jour pour extraire toujours plus de charbon, transformant la vie naguère paisible des villageois en cauchemar.
Au bruit des explosions dues au dynamitage permettant de creuser la roche, des pelleteuses et des camions de chargement, s’ajoute la poussière de charbon qui recouvre tout. « En été, les pommes, les baies, les légumes… tout finit par être noir », soupire Alexandre Krivouchine, un habitant du village. Il y a dix ans qu’il a commencé à construire sa maison à Matiouchino. Avec sa femme, ils se disaient que la vie serait plus simple ici qu’à Novokouznetsk, pour eux et leur fils lourdement handicapé, qui fêtera ses douze ans en avril. « Quelles perspectives a-t-on maintenant avec cette mine juste à côté ? J’aimerais quitter le Kouzbass et toute cette pollution… »
Alexandre Krivouchine, un habitant du village de Matiouchino, dont la maison se…
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Auteur: Estelle Levresse Reporterre