Le choix de la guerre civile

Dès ses origines, le néolibéralisme a fait le choix de « la guerre civile contre l’égalité au nom de la “liberté“ » en vue de réaliser le projet d’une pure société de marché, prenant des formes diverses, selon les circonstances, pour écraser ses ennemis : se dotant des moyens de la coercition militaire et policière ou se confondant avec l’exercice du pouvoir gouvernemental et se menant par le droit et la loi. « Relire le néolibéralisme sous l’angle de la rationalité stratégique et de la violence qui lui est intrinsèque, c’est remettre en question son interprétation théorique comme ensemble de doctrines ou positions purement idéologiques, et c’est par conséquent analyser le terrain sur lequel il se déploie et qui n’est autre que celui d’une lutte sociale et politique pour imposer sa domination. ».

Pierre Dardot, Haud Guéguen, Christian Laval et Pierre Sauvêtre définissent ces « guerre civiles » du néolibéralisme comme des guerre « totales », menée à l’initiative de l’oligarchie, guerres sociales, ethniques, politiques et juridiques, culturelles et morales, en réponses « aux formes de régulation sociale de l’économie que le suffrage universel et la démocratie partisane ont imposées au libre marché dans les années 1920, grâce aux succès électoraux des partis sociaux-démocrates et au recours à la planification économique de la part de gouvernement élus ». L’expérience de la social-démocratie en Autriche et la république de Weimar en Allemagne ont suscité l’effroi des néolibéraux qui souhaitaient alors « empêcher la démocratie d’empiéter sur l’économie » par la mise en place d’un État fort et la répression des forces et mouvements sociaux opposés à ce projet. Le marché concurrentiel fonctionne comme l’équivalent d’un impératif catégorique qui permet de légitimer les mesures les plus excessives, y compris le recours à la dictature militaire lorsque l’ordre du marché parait directement menacé dans son existence même, comme au Chili en 1973. Le néolibéralisme est « un projet de neutralisation du socialisme sous toutes ses formes ». « Les guerres du néolibéralisme sont à la fois des guerres pour la concurrence et contre l’égalité. »

Les auteurs reviennent sur le coup d’état mené le 11 septembre 1973 par le général Pinochet avec le soutien actif de Richard Nixon et de la CIA, mettant fin à l’expérience de l’Unité populaire amorcée en 1970 par la victoire de Salvador Allende. Si une…

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Auteur: lundimatin