À la différence des précédents, cet article – le onzième de notre chronique et le premier de 2025 – ne porte pas sur une sortie mais sur un film franco-italien de 1972. Le Dernier Tango à Paris ne fait pourtant l’objet d’aucune reprise en salle. Pourquoi alors ouvrir l’année avec lui ? Pour des raisons dont la presse s’est largement faite l’écho. On se contentera de les résumer en préambule.
Une rétrospective Marlon Brando vient de s’achever à la Cinémathèque Française. C’est dans ce cadre que, le 15 décembre, devait être projeté le film de Bernardo Bertolucci. À l’annonce du programme, plusieurs associations et personnalités féministes ont signalé qu’il leur semblait inconcevable d’organiser une telle séance sans accompagnement. Il se serait agi selon elles de rappeler que si le Tango révéla Maria Schneider, il fit aussi son malheur, particulièrement en raison d’une scène de sodomie – dans laquelle du beurre fait office de lubrifiant – qui ne figurait pas dans le scénario. Scène voulue par Bertolucci et par Brando seuls, dont Schneider n’était pas informée et dont le tournage la laissa traumatisée. Non, comme on a pu le croire, qu’elle y soit victime d’un viol – la sodomie est simulée. Mais à cause de la surprise et de la brutalité des gestes de Brando. Parce que les larmes et les protestations, dans cette scène, sont les siennes et non seulement celles de Jeanne, son personnage. Et parce que l’actrice fut par la suite ramenée sans arrêt – par les médias, mais pas uniquement – à cette humiliation, dont en outre on voulut souvent la croire complice.
Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire, « revenir au film lui-même » ?
La Cinémathèque Française n’a pas souhaité mettre en contexte. Restée sourde aux demandes, elle a préféré annuler la séance, purement et simplement. Pour quel motif ? « Les risques sécuritaires encourus », « le souci d’apaisement…
Auteur: Le Média