Les adultes ne comprennent rien à ce que les jeunes font avec leur corps. Ils ont beau essayer, cela leur échappe. Et ce d’autant plus que le corps n’est pas seul concerné. Une idée est également en jeu, l’idée de ce qu’être jeune et libre, de ce que disposer de son corps signifie. Si les adultes peinent à comprendre, c’est également que cette idée manque elle-même de clarté. L’engagement des corps ne fait pas le moindre doute. Il y a en revanche un hiatus, de cet engagement à sa signification existentielle, morale ou politique. Plus qu’un hiatus : une béance. Béance dont chacun pâtit : les jeunes non moins que les adultes, au fond. Tout le monde est perdu. Demeurent toutefois, incontestables mais seules, l’évidence et la vitalité de la jeunesse.
Delphine et Muriel Coulin sont à ce jour autrices de trois longs métrages. Tous les trois partagent les mêmes préoccupations. La jeunesse et la vitalité, oui, mais à quoi bon ? Pour quoi faire ? Dans le premier, Dix-Sept Filles (2011), dix-sept lycéennes de Lorient décident de tomber enceintes en même temps. Consternation des parents et des professeurs. On ne saura jamais vraiment pourquoi les adolescentes ont voulu devenir mères ensemble. Dans le deuxième, Voir du pays (2017), des militaires retour d’Afghanistan – dont deux femmes – font une halte de décompression à Chypre. Là, devant une simulation vidéo, ils sont amenés à rejouer sous les yeux de leurs supérieurs des épisodes éprouvants vécus au cours de leur récente mission. Un sentiment de complète absurdité s’en dégage.
Jouer avec le feu, en salle depuis mercredi 22 janvier, poursuit dans la même voie tout en abordant un sujet plus urgemment politique. Une famille vit près de Metz. Le père est cheminot, veuf, de gauche et interprété par Vincent Lindon. Rôle très lindonien pour lequel l’acteur a, assez logiquement, reçu la Coupe Volpi du Meilleur Acteur à la Mostra de Venise. Deux…
Auteur: Le Média