Depuis quelques semaines, un bruit court sur Internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier. Ce bruit dit en gros ceci : Robert Zemeckis a sorti un nouveau film, intitulé Here – titre original préférable à sa version française : Les plus belles années de notre vie – ; Here est formidable ; il est à la fois bouleversant et inédit technologiquement ; sa sortie – comme celle du film d’Eastwood évoqué la semaine dernière – a été bâclée ; la critique est complètement passée à côté ; il faut se ruer pour aller le voir avant qu’il ne disparaisse des salles.
Imagine-t-on un autre pays que la France où des voix cinéphiles s’élèvent afin de voler au secours d’un homme qui ne s’est jamais voulu auteur et dont les films ont su assez parler au public pour, à la longue, amasser quelques milliards de dollars ? La réponse est : non. Ce que la cinéphilie française aime dans le cinéma américain demeure identique ou presque : c’est moins ses marges que ce qui peut s’inventer de plus imprévisible en son centre.
Zemeckis, il est vrai, n’est pas n’importe qui. Ceux qui furent adolescents dans les années 1980 ont grandi avec lui. Ils ont été ou ils ont voulu être Marty McFly, campé par Michael J. Fox, dans les trois Retour vers le futur. Au cours des quarante dernières années, Zemeckis a révolutionné le cinéma à plusieurs reprises. Technologiquement, donc esthétiquement. Avec Qui veut la peau de Roger Rabbit ? en 1988, où il fut le premier à mêler dessin animé et prises de vue réelles. Avec Forrest Gump en 1994, où l’on put voir le nigaud à la voix lente interprété par Tom Hanks s’incruster – c’est le mot – au sein de quelques uns des plus grands moments de l’histoire récente des États-Unis. Avec Pole Express en 2004, premier film – toujours avec Tom Hanks – entièrement réalisé en capture de mouvement.
Au cours des quarante dernières années, Zemeckis a…
Auteur: Le Média