À 1 900 mètres d’altitude, sur la route du mont d’Or jurassien, les cloches des vaches de Claire Guyon résonnent dans l’alpage. L’éleveuse de 33 ans est montée s’installer ici début mai. Depuis, elle vit sommairement dans le chalet de la Boivine, entourée de ses vaches et cochons, et vend déjà quelques produits sur place. Mais elle n’est pas encore officiellement chez elle : deux communes contestent devant le tribunal le choix de la Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) de vendre ces 52 hectares d’alpage à Claire.
L’alpage de 52 ha de la Boivine. © Camille Jourdan / Reporterre
« On parle bien d’un “parcours” d’installation, pas d’un “chemin” », ironise Claire. Son parcours à elle, comme celui de beaucoup de jeunes agriculteurs, a été semé d’embûches. Et ce n’est pas fini. Durant trois ans, la jeune éleveuse a essuyé plusieurs refus à ses demandes d’acquisition ou de location de terres. En septembre 2020, elle pensait avoir trouvé l’endroit idéal avec la Boivine, sur la commune de Rochejean, dans le Haut-Doubs. Le propriétaire de cet alpage a missionné la Safer pour le vendre. Plusieurs communes, dont celles de Rochejean, et sa voisine, Labergement-Sainte-Marie, ont manifesté leur intérêt pour acquérir ces terres. Claire, qui avait conscience de son faible poids face à des collectivités, a proposé un partenariat à Rochejean. Sans réponse ferme de la part du maire, Claire a déposé une candidature individuelle. Sauf que, en parallèle et sans en informer la principale intéressée, la commune de Rochejean a inclus le projet d’agriculture biologique en transhumance et de vente directe de Claire dans son propre dossier. Séduite, la Safer a choisi la municipalité de Rochejean sous cette condition implicite : la commune devra, comme elle l’a proposé dans sa candidature, permettre à Claire de s’installer dans l’alpage.
Les deux municipalités évincées dénoncent notamment des vices de procédure
Le problème : quelques semaines plus tard, les conseillers municipaux de Rochejean ont refusé à l’unanimité d’intégrer Claire à leurs plans pour la Boivine. Pressions des agriculteurs de la commune après coup ? Choix opportuniste d’associer le projet de Claire à l’offre initiale de la commune ? Quelles que soient les raisons de ce revirement, la Safer est revenue elle aussi sur sa décision : la candidature de Rochejean ne répondant plus à ses critères (« favoriser l’installation de jeunes agriculteurs et la…
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Auteur: Reporterre