Le combat des amies de Morgan, tué lors d'une battue, pour réguler la chasse

  • Cahors et Carjac (Lot), reportage

Au chagrin s’est ajouté le besoin d’agir pour ne pas laisser l’indifférence reprendre le dessus. Le 2 décembre 2020, Morgan Keane était abattu par des chasseurs dans son jardin alors qu’il coupait du bois à quelques mètres de sa maison, terrassé par une balle dans le thorax. Parmi ses proches, la douleur est toujours béante, la colère encore viscérale. Morgan est mort à 25 ans alors que ses bras étaient ouverts à la vie. Sur une photo partagée par son entourage, ses yeux rieurs éclairent un visage enfantin plein de malice et de douceur. Le jeune homme aurait dû fêter ses 26 ans ce week-end des 23 et 24 janvier. «  Ce n’est pas normal de mourir à cet âge-là », se révoltent ses amis.

Dans le Lot, le drame a créé une onde de choc qui est loin d’être dissipée. Au cœur de ce département rural, la parole se libère contre l’emprise des chasseurs. Un ras-le-bol général se fait sentir. De nombreux habitants se sentent dépossédés de leur territoire et vivent dans l’insécurité, au milieu d’un champ de tir à ciel ouvert où tonnent les fusils.

Morgan Keane devant sa maison.

Depuis décembre, six amies de Morgan — Peggy, Zoé, Nadège, Léa, Sara et Mila — ont décidé de briser l’omerta qui règne dans les campagnes. Elles ont créé le collectif Un jour, un chasseur. En un mois à peine, elles ont collecté mille cinq cents témoignages, tous plus accablants les uns que les autres. Accidents, violences, incivilités, pressions, agressions verbales… Les comportements abusifs des chasseurs qu’elles ont recensés interpellent. Les jeunes femmes dénoncent une impunité qui doit cesser. Reporterre est allé à leur rencontre.

« Morgan était un amoureux inconditionnel de la nature »

« On ne pouvait pas supporter l’idée que Morgan soit mort pour rien, explique Sara, 29 ans. On avait besoin de partager notre colère pour que ce drame ne soit pas invisibilisé. » Aux regards détachés qui résument l’affaire à un simple « accident », le groupe oppose un portrait vibrant de leur ami d’enfance. « On va crier son nom encore longtemps, assure Léa. Il…

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Auteur: Alain Pitton, Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre