Le conflit n'est pas une agression

Ce livre m’a surpris. Je savais qu’il traitait de conflits et d’agressions, particulièrement au sein des relations amicales, amoureuses et des groupes, mais je ne m’attendais pas à y découvrir un chapitre entièrement consacré à l’agression israélienne contre Gaza… en 2014. « Des relations intimes aux politiques globales, Sarah Schulman fait le constat d’un continuum : individus comme États font souvent basculer des situations conflictuelles dans le registre de l’agression, criminalisant leurs opposants pour couper court à la contradiction et échappant ainsi à leur propre responsabilité dans les conflits. » (Extrait de la présentation de l’éditeur.)

J’ai donc commencé à le lire en pensant à des conflits auxquels j’ai moi-même parfois participé – pas toujours à bon escient – ou à d’autres qui affectent, autour de moi, des groupes communautaires et/ou des collectives militantes, et en me disant que j’y trouverais peut-être des réponses aux questions que posent ces conflits, particulièrement : pourquoi et comment s’aggravent-ils souvent au point de devenir insolubles ? et quoi faire afin de prévenir ce genre d’évolution, ou, après-coup, tenter de réparer les dégâts ?

Le livre, qui se veut « manifeste réparateur » (c’est le titre de son introduction, placée sous l’égide de James Baldwin : « On ne peut pas changer tout ce que l’on affronte mais rien ne peut changer tant qu’on ne l’affronte pas »), est construit en trois parties. La première, « Le soi conflictuel et l’État abusif » (on pourrait aussi écrire état avec une minuscule, je pense) comprend quatre chapitres qui s’ordonnent en une progression qui va des relations intimes encadrées, amoindries voire empêchées par ces « modes réducteurs » que sont les contacts virtuels – emails et SMS – jusqu’à la criminalisation du VIH au Canada, en passant par l’intrusion de l’État au sein des…

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Auteur: dev