Le coup d'État qui n'en était pas un

Au-delà du grotesque sidérant d’images qui demeureront comme son principal résultat, l’envahissement du Capitole, avec le recul de quelques semaines, doit être replacé dans ses vraies dimensions. C’est ce à quoi peut nous aider l’article paru dans la revue The Brooklyn Rail : l’auteur et le périodique ont été déjà présentés ailleurs par Charles Reeve.

On aurait pu penser que le départ de Trump de la Maison Blanche mettrait fin à la préoccupation constante — et pas seulement pour les experts orientés à gauche — qu’il représentait une renaissance du fascisme. À cette occasion, la manière bizarre, typique du personnage, dont il fit face à sa défaite électorale provoqua une montée de l’inquiétude de voir renaître le spectre en chemise brune (ou noire) du passé. L’historien Timothy Snyder, qui écrit dans le New York Times Magazine, exprima son épouvante devant « l’abîme américain » ouvert par le mépris de Trump pour la démocratie électorale : « Il était clair pour moi en octobre, écrivit Snyder, que la conduite de Trump présageait un coup de force… » La conduite qu’il avait en tête traduisait avant tout sa propension à mentir, et la description concomitante des sources d’information qui le contredisaient comme fausses. Dans son texte, le cœur du fascisme est le « Gros mensonge » : « Tant que (Trump) a été incapable de mettre en application un vrai gros mensonge, un fantasme qui créât une réalité alternative où les gens puissent vivre ou mourir, son pré-fascisme resta privé de la chose elle-même. » Pour Snyder, cet écart fut comblé par l’affirmation du président (Trump) qu’il avait remporté les élections haut-la-main, et l’appel lancé à ses partisans à marcher sur le Capitole pour empêcher la validation de la fausse victoire de son concurrent.

Se confronter à la nullité de ces idées n’est pas chose facile. Le fascisme, une politique visant à exploiter l’énergie nationale dans la lutte pour le pouvoir politico-économique, se réduirait à la propension à raconter des bobards ; la notion selon laquelle « quand on cède sur la vérité, on cède le pouvoir à ceux qui possèdent la richesse et le charisme pour créer un spectacle à la place, » prétend que le pouvoir de la classe dirigeante repose sur le consentement des administrés. Pour finir, même Snyder doit accepter le fait qu’il n’y a pas eu de coup d’État et reporter le vrai danger sur les prochaines élections. Toutefois, il est facile de voir pourquoi ceux…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin